Selon un rapport du Conseil des droits de l’homme de l’Onu sur l’exposition aux produits toxiques, un travailleur ou une travailleuse perd la vie toutes les 15 secondes à cause de l’exposition aux produits toxiques au travail.
2 780 000 travailleurs/euses meurent chaque année à cause de conditions de travail dangereuses et malsaines.
2 400 000 morts prématurées sont dues à des maladies professionnelles.
160 millions de nouveaux cas de ces maladies professionnelles sont signalés chaque année.
A l’heure où de nombreux gouvernements lacent sans cesse des plans d’austérité et réduisent les droits des travailleuses/eurs, cette situation de la santé et des conditions de travail représente un coût équivalent à 4% du PIB mondial.
Le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies considère que l’exposition des travailleurs aux produits toxiques est un défi mondial qui doit être traité comme une forme d’exploitation. Mais pour Solidaires c’est la conséquence directe de l’exploitation des salarié·e·s.
Les conséquences des dernières attaques
Dans de nombreuses entreprises la mise en place des CSE s’effectue et les conséquences directes pour les nouvelles instances et leurs élu·e·s apparaissent au grand jour. Partout le nombre de représentant-es diminue de manière brutale et drastiques. Il est bien souvent divisé par 3, 4 ou même parfois 5. Et comme si cela ne suffisait pas souvent les patrons tentent de réduire les droits de ces représentant·e·s, comme par exemple ceux à la formation syndicale en matière de santé et de conditions de travail. Ils cherchent à en réduire le nombre de jours mais aussi à en travestir la finalité en envoyant les militantes dans des formations pro patronales qui euphémisent les rapports sociaux.
Nous allons par ailleurs devoir faire face pendant une période à une disparité dans les instances à disposition des équipes, des CHSCT vont perdurer dans le public et parfois le privé, pour parfois un temps encore assez long, des équipes ont déjà basculé vers les CSE.
Se former, s’émanciper
Côté Solidaires, nous avons commencé à travailler à la construction d’une formation de base santé et conditions de travail de trois jours. La mise en œuvre de cette formation nous paraît prioritaire et s’adressera à la fois aux membres de CHSCT (public), de CSE (privé) mais aussi aux équipes de sections syndicales.
Cette formation combinera à la fois les questions politiques (les logiques à l’œuvre), les questions techniques et les pratiques syndicales.
Après quelques repères historiques et politiques sur les questions de santé et conditions de travail et sur la situation aujourd’hui, un temps serait consacré à la situation vécue dans les entreprises (privées ou publiques), c’est à dire du terrain d’intervention des équipes. Seront abordés les évolutions du capitalisme et évolutions des organisations de travail, les processus d’invisibilisation. Nous ferons aussi une photographie de la santé au travail aujourd’hui.
Seraient ensuite traité :
– Les obligations des employeurs et le contexte juridique de notre action qui ne sont pas modifiées par les ordonnances (obligation de sécurité de résultat, règles générales de prévention etc.) ;
– Le travail de terrain et les priorités d’actions syndicales en lien avec les valeurs de Solidaires ;
– Les moyens d’actions syndicaux : mobilisation et action collective par le travail d’enquête, de terrain et la construction des exigences avec les salarié-es, les interventions possibles dans les instances représentatives du personnel, le droit d’alerte et droit de retrait, l’expertise santé-travail (notamment risques graves), les soutiens possibles : inspection du travail, médecine du travail, CARSAT ainsi que les interventions en justice.
C’est un enjeu important pour notre syndicalisme.
Et voilà le travail le 27 et 28 mars 2019 à Paris
Nous lançons une nouvelle initiative nationale sur la santé et les conditions de travail. Presque 10 ans après les premières journées « Et voilà le travail » des 8 et 9 mars 2010 qui avait réuni à Paris entre cinq cent et six cent militant·e·s de terrain de nos syndicats, issus du privé comme du public, de petites et de grosses entreprises qui avaient pu échanger et débattre de leurs conditions de travail, de la santé au travail, du travail. Ces journées nationales enclenchèrent une dynamique qui a permis aujourd’hui Solidaires de développer un réseau de militant·e·s autour des questions centrales de la santé et des conditions de travail.
En 2019, les questions de santé et conditions de travail sont toujours aussi centrales pour les travailleuses et travailleurs, sources souvent de leurs mobilisations et nous devons enclencher et relancer des actions et campagnes collectives. L’affrontement avec le capitalisme ne pourra guère se faire si nous ne sommes pas capables de lutter pour faire cesser l’exploitation de nos vies et de nos corps à son seul profit.