Solidaires participait à un rassemblement devant les prud’hommes à Paris le 9 mars en soutien d’Emmanuelle, dans un dossier harcèlement sexuel.
L’avocate de La Poste a adressé ses conclusions le 6 mars.
Rien de bien nouveau sur le fond de cette défense donc nul besoin de répondre… L’audience du 9 mars n’était donc pas remise en cause.
Arrêtons nous tout de même sur les conclusions de La Poste. Purement et simplement infamantes ! Elles se limitent à nier tout en bloc et à discréditer les témoins, voire à les attaquer frontalement. Et évidemment, aucune réponse sur le départ accéléré en retraite du cadre en 2 mois alors qu’à La Poste c’est 6 mois sauf accord avec la direction.
De surcroît, ce départ dans la précipitation s’est organisé après l’enquête interne concluant à la véracité des faits dénoncés et à la nécessité d’engager une suite disciplinaire (sacrée incohérence dans ce dossier puisque l’entreprise conteste les faits alors que l’avocate d’Emmanuelle a produit le courrier de La Poste indiquant le contraire… !).
7 mars, rebondissement.
Lors de l’audience relative aux préavis des 8 et 9 mars, la direction nous informe que La Poste demande le report ! Pourquoi une telle décision ? On peut sans doute mettre cela sur le compte du courrier adressé au ministre de tutelle et à la médiatisation.
Le 8 au matin, nous intervenons par mail auprès de tous les membres du conseil d’administration (dont les actionnaires).
La réaction est très rapide et avant midi, nous avons la réponse : « les conclusions ne reflètent pas les valeurs de La Poste ». Une affirmation gonflée car un avocat élabore la plaidoirie sur mandat de son client et fait valider ses conclusions systématiquement avant de les produire !
Le 9 mars : ne possédant pas d’arguments juridiques pour obtenir le report, La Poste laisse tomber cette option.
Leur avocate se contentera de se baser sur le fait que La Poste ne connaîtra les faits que très tardivement et tentera de convaincre qu’ils sont prescrits. Première victoire importante pour Emmanuelle : l’obligation pour La Poste de reconnaître la véracité du harcèlement sexuel !
Une condamnation exemplaire
Le jugement rendu par le conseil des prud’hommes de Paris le 17 mai dans le dossier opposant Emmanuelle E à La Poste ne laisse planer aucun doute sur la responsabilité de la direction de La Poste dans le calvaire qu’a vécu Emmanuelle sur son lieu de travail.
En effet, il condamne notamment l’entreprise à 30 000 euros des dommages et intérêts pour harcèlement sexuel ; 25 000 euros pour harcèlement moral et 10 000 euros pour non-respect de l’obligation de sécurité. L’ensemble s’élève à plus de 126 000 euros. La hauteur de cette condamnation est une reconnaissance de l’existence et de la gravité des faits vécus par notre collègue.
Cette décision représente un grand soulagement pour Emmanuelle. Elle va enfin lui permettre de commencer à se reconstruire après des années de cauchemar. Pour cela, il est nécessaire que La Poste ne fasse pas appel de ce jugement. En tout état de cause, cela serait malvenu. Lors de l’audience de jugement du 9 mars, elle avait été contrainte de reconnaître la véracité des faits et à tenté d’ergoter sur les délais de prescription.