Le développement des formations dans Solidaires sur les pressions et violences au travail permettent de comprendre les mécanismes à l’origine des souffrances des salariés mais également de susciter des mises à l’action et des initiatives. La dénonciation des situations inaceptables, la médiatisation de certaines situations intolérables sont insuffisantes et l’action syndicale que nous souhaitons développer sur le terrain doit permettre la mise à l’action des salariés.
Après une formation syndicale interprofessionnelle, les militant(e)s de l’ENS de Lyon font le constat de pressions très importantes dans le travail notamment auprès des personnels administratifs et techniques (près de 500 agents dans des services le plus souvent éclatés). Plaintes du personnel, tensions, collectifs de travail disloqués, pressions hiérarchiques, salariés qui sont en conflit entre eux…. avec une difficulté pour les représentants au CHSCT et les militants syndicaux de prendre en charge ces questions.
La formation permet donc de fixer une priorité de travail collectif de terrain, à partir de l’écoute des collègues pour passer de situations qui paraissent assez bloquées à des mises en mouvement collectif… Et, ça marche… La pratique de terrain paie avec, au bout de quelques mois la rédaction avec les salariés de leurs exigences. Les collègues passent d’une attitude de «victime», de «soumission», de chacun pour soi à l’action collective.
En juillet, alors que la pression hiérarchique s’accentue avec un encadrement qui demande à certaines collègues du service logistique de surveiller les autres, de prévenir si elles ne travaillent pas avec des menace de fautes professionnelles, une réunion d’urgence avec tout le service concerné est organisée. Une représentante SUD au CHSCT est présente ce qui permet de constater que les femmes du service sont toutes unanimes sur les problèmes, leurs causes et leurs demandes. Elles n’en peuvent plus et parlent de se mettre en grève à la rentrée si rien ne change. Suite à cette réunion, elles font un courrier de revendications très clair, qui demande «une réorganisation du service, des moyens adéquats, un encadrement compétent et respectueux»…
Fin septembre et début octobre, la grève va se concrétiser avec ce service logistique (ménage netoyage…) en grève active. Pendant toute cette période, elles se sont installées dans le hall d’entrée de l’école, avec tracts, café et gâteaux ce qui a permis également la solidarité. Au bout de 8 jours, ils/elles ont obtenu l’essentiel de leurs revendications avec 3 postes de contractuelles débloqués en réponse au manque d’effectif avec leur charge de travail allégée. (même si il y a des risques d’externalisation c’est un plus à court terme)… La réorganisation du travail imposée à l’issue de ce conflit est telle qu’ils/elles l’avaient proposée avec certains niveaux hiérarchiques supprimés.
Cette action organisée par un service a permis d’autres initiatives de grèves, d’assemblées générales rassemblent, sur les questions d’organisation du travail plus d’une centaine de personnes plus du quart des personnels concernés). Des groupes de travail se sont mis en place par service ou thématique pour élaborer listes de revendications et propositions.
Des engagements ont aussi été pris pour les autres service par la Direction de l’ENS: formations, expertise (avec une acceptation de la Direction d’un expert CHSCT), et la section syndicale continue son travail et le développement d’une pratique de terrain.
En ce début janvier, la situation reste très tendue dans plusieurs services et plusieurs situations dramatiques continuent de se produire. Rien n’est donc résolu même si les résultats des actions de l’automne restent importants. La solidarité mise en place dans la grève au service logistique continue et montre la voie à d’autres.
*ENS: Ecole Nationale Supérieure