Soutenue activement dès sa conception par Bernard Bouché et Eric Beynel, l’initiative de Solidaires 84 a pu mettre en place pour la première fois une formation destinée à l’interpro qui a réuni une cinquantaine de personnes d’horizons différents : Sud Caisse d’Epargne, Sud PTT et FT, Sud Crédit Agricole, Sud Education, Sud Santé Sociaux, Sud Recherche, Sud CT ainsi que des camarades non syndiqués ou adhérents d’autres organisations de l’Education Nationale.
Le premier objectif de revivifier l’interpro en Vaucluse était donc atteint. En effet, il était important pour nous de créer l’occasion de nous rencontrer afin de démontrer la nécessité d’une dynamique interprofessionnelle pour lutter contre des difficultés communes à tous les secteurs.
La réussite de ces journées tient également à la qualité des intervenants qui ont introduit les deux jours en plénière : Philippe Davezies et Eric Beynel.
En effet, Philippe Davezies a insisté sur une notion surprenante de prime abord : ne pas considérer la personne en souffrance comme une victime. En effet celle-ci est partie prenante dans un conflit car elle a l’impression d’être attaquée dans ce qu’elle déploie de personnel pour accomplir son travail, dans le déploiement de son pourvoir d’agir. Ainsi on est en souffrance parce qu’on est dans un premier état de résistance, mais individuel et pas immédiatement conscient. Ceci constitue un angle d’approche de l’action syndicale : développer l’action syndicale en faisant émerger clairement le point sur lequel il y a souffrance car celui-ci est en général universalisable. On bat ainsi en brèche le cliché trop souvent répandu chez les salariés que la lutte syndicale est trop générale et ne recouvre pas nos difficultés, promettant des lendemains qui chantent hors de portée. Nous devons donc, en tant que syndicaliste, porter attention à la dimension affirmative que porte le salarié. De plus, Philippe Davezies rappelle que c’est la conception du travail qui s’est modifiée et génère des situations de conflit. Le salarié est pris en étau entre des directives décalées et inapplicables et les moyens qu’il sait devoir mettre en œuvre pour que le travail soit correctement réalisé. Ces situations enlèvent tout sens au travail dans ce qu’il a de collectif cloisonnant le salarié dans une résistance individuelle. L’action syndicale doit donc mettre en évidence pour le salarié que c’est uniquement grâce à son action que le travail tient et peut faire société alors que les directions se sont désengagées de cette responsabilité.
Comment s’y prendre ?
Les ateliers ont permis d’inventorier les moyens d’actions et les acteurs avec lesquels nous pouvons travailler. Partir du concret des salariés par un travail d’enquêtes qui permettent aux salariés d’exprimer une parole collective à travers leur expérience. Le travail syndical ne doit pas plaquer un discours déjà construit mais s’appuyer sur le vécu des salariés pour faire émerger des cahiers de revendication. Le syndicalisme atteint, ici, l’un de ses objectifs : répondre à une amélioration dans le « ici et maintenant ». Les exemples que nous a donnés Bernard de luttes victorieuses ainsi menées sont à cet égard plus qu’encourageantes.
De même, l’atelier « médecine du travail » a permis d’échanger sur la dernière réforme de la médecine du travail et de rappeler la nécessité d’articuler l’action syndicale avec les prérogatives du médecin du travail : en amont comme en aval, de la prévention au signalement d’organisations du travail pathogènes. L’intervention de M. Benoit Delabrusse, médecin du travail, concepteur du site très utile : www.sante.travail.paca.free.fr, a été très riche (détail de son intervention www.solidaires84.org).
Suite à ce premier stage interprofessionnel, deux actions de formations sont en projet : l’une sur les risques psycho-sociaux et la seconde sur un enrichissement des pratiques syndicales pour aller à la rencontre des salariés et recueillir leur paroles avec des outils d’éducation populaire.