Les agent-e-s de nettoyage de la société Onet, organisé-e-s au sein de la section Sud Culture de la BnF et soutenu-e-s par Solidaires 94, ont mené une grève très suivie entre le 09 et le 21 avril sur le site François Mitterrand de la BnF.
Comme de nombreux établissements publics, la BnF externalise depuis des années le nettoyage de ses espaces. En 2013, le prestataire Onet Services a remporté le chantier du site BFM en répondant à un appel d’offre au budget revu à la baisse par la BnF, et en a profité pour réduire ses effectifs de 25%. Les agent-e-s ont ainsi vu leurs équipes fondre malgré des surfaces identiques à nettoyer, situation rapidement devenue intenable pour elles et eux. Le stress et la fatigue propres à engendrer des accidents de travail, ainsi que les menaces constantes de sanctions agitées pour plus de rentabilité les ont amené-e-s à dire « stop » à ces conditions de travail indécentes. Après avoir alerté leur employeur maintes fois notamment en lui remettant une pétition au mois de mars, et rappelé à la BnF sa responsabilité sociale en tant que donneuse d’ordre, 42 sur 44 agent-e-s réuni-e-s en assemblée générale ont décidé de cesser le travail le 09 avril, jour de mobilisation nationale contre les politiques d’austérité, et de placer le sous-effectif au cœur de leurs revendications.
A partir de cette date, les grévistes ont organisé avec l’aide de soutiens des manifestations quotidiennes dans le hall d’entrée de la BnF, afin de rencontrer le public et le personnel du site et de les inviter à signer leur pétition. Les négociations avec Onet ont été tardives et difficiles à mettre en place, et dès les premiers jours des pressions ont été effectuées sur des grévistes menacé-e-s de représailles. La BnF a de son côté finalement accepté de recevoir les agent-e-s, occasion pour elles et eux d’exiger la mise en place d’une charte sociale qui leur permettrait une réelle représentativité au sein de la BnF ainsi qu’un meilleur cadre pour la défense de leurs acquis sociaux.
Au terme de leurs actions menées durant treize jours, les grévistes ont pu recevoir satisfaction sur différents points :
- l’attribution de 100h complémentaires à se répartir entre agent-e-s,
- l’obtention de trois CDI mettant fin aux contrats précaires de trois collègues,
- la mise en place d’un groupe de travail pour révision des équipements ainsi qu’un engagement d’Onet à ne pas sanctionner les grévistes.
Seuls trois jours de grève payés ont pu être négociés avec l’employeur, d’où un appel à la solidarité afin de recueillir ce que la caisse de grève n’a pu combler au niveau des pertes de salaire.
Au final, ce conflit social aura aussi permis de rendre visible les dégâts sociaux de l’externalisation de services pourtant essentiels au bon fonctionnement des établissements publics, et de pointer du doigt l’urgence de leur ré internalisation pour garantir aux agent-e-s des conditions de travail décentes. Ce sont aujourd’hui les mêmes revendications que porte depuis le 11 mars le personnel TFN des Finances Publiques, avec lequel les grévistes d’Onet manifestent toute leur solidarité.