Retour sur la journée du 9 juin par Pascal Vitte, avec le témoignage de Charles-Henri Filippi.
(dessins de Claire Robert et Ornella Guidara)
Le 9 juin 2022 s’ouvre la douzième journée du procès de France télécom en appel. Ce jour-là, Didier Lombard fait citer son témoin en la personne de Charles-Henri Filippi. Membre du conseil d’administration de France Telecom entre février 2008 et mai 2020, et aujourd’hui de Nexity, il se définit volontiers comme un « banquier humaniste ».
Filippi est, en effet, un adepte de ce que l’on appelle le « capitalisme philanthropique ». Issu de l’intelligentsia du monde de la finance, ce terme est une tentative de « blanchiment social » des dégâts sociaux du capitalisme, notamment les inégalités qu’il engendre. On peut la comparer au « greenwashing » dans le domaine de l’écologie, opération qui consiste, pour une multinationale, à orienter ses actions de marketing et de communication vers un positionnement écologique en vue de faire oublier la pollution dont elle est responsable. Ici, ce que l’on pourrait appeler le « socialwashing » permet donc aux financiers de redorer leur image en dénonçant les « excès » d’un « capitalisme déboussolé » (dont ils sont les premiers responsables), en prônant le « dialogue social » (faisant comme si tout le monde était à égalité pour « dialoguer »), ou encore en appelant au « compromis » de gens « responsables ». C’est d’ailleurs en avançant ce terme de « compromis social » que notre banquier en viendra véritablement à la défense du prévenu Lombard et de son Plan NExT.
Mais comme on l’a bien compris, l’humanisme du Phlilanthrocapitalist doit rester abstrait. Il rechigne toujours à s’approcher de trop près de la vie du peuple. Aussi, quand la présidente lui propose de toucher du doigt le drame social qui couvait à France Télécom en lui demandant comment, au conseil d’administration dont il était membre, il avait fait pour n’avoir jamais entendu parler des alertes…