NICE est né de la volonté des directions de n’avoir qu’un seul système informatique au niveau national, au lieu des 5 existants. Si on peut comprendre cette volonté de n’avoir plus qu’un seul système à développer, la réalité est moins jolie que les beaux discours servis tant au personnel qu’à leurs représentants.
En effet, NICE amène d’entrée de jeu la suppression de 1000 postes d’informaticiens. Le système devait être intuitif, moderne, réactif. En réalité, l’outil livré s’avère rétrograde, difficile à utiliser. C’est une « boite à clic », avec des écrans semblables au minitel. Les belles promesses sont restées à l’état de projet, du fait de retards très importants, d’un dépassement de budget sans commune mesure. Au final, la souffrance des collègues est réelle, et nos directions ferment les yeux sur toutes les difficultés rencontrées par les utilisateurs. Pour les collègues, cela se traduit par un outil qui a entre 8 et 15 ans de retard par rapport à ce que nous avions, du stress, du retard, des insatisfactions clients qu’il faut gérer au quotidien, et qui se traduisent par une recrudescence d’agressivité.
Le seul objectif de nos directions était d’avoir une plateforme commune, afin de pourvoir regrouper les moyens et faciliter la coopération entre les caisses régionales. A terme, cela se traduira par des diminutions d’emploi, des fermetures de sites ou d’agences. Malgré les alertes des organisations syndicales, les directions ont considéré que les bascules ont été une réussite : pas de perte de données !!!
Malgré les beaux discours, le constat est que l’humain (le salarié) a bien peu d’importance. Il doit continuer à produire toujours plus, avec un outil qui va moins vite.
Au niveau des instances, une commission nationale NICE a été créée tout au début en comprenant l’expert SECAFI et un représentant de chaque OS représentative du CA. Dans chaque Caisse Régionale et avant chaque « bascule » le CE et le CHSCT se sont positionnés afin d’adhérer ou non à cette démarche. Les propos étaient explicites, l’avis demandé était «pour s’inscrire dans cette démarche, et de ne pas décider d’une expertise locale », tout en nous promettant que l’expert pourrait nous apporter des réponses à aux spécificités locales des 39 Caisses Régionales.
Cet outil va évoluer d’ici la fin de l’année avec l’arrivée de la V2. Certes, certaines applications seront plus conviviales : quand on touche le fond, il est difficile d’aller plus bas. Mais la direction de projet prévoit de développer environ 350 projets sur 2014/2015 : comment assimiler toutes ces évolutions, sans que cela ne créé des perturbations ?
En plus d’une utilisation difficile, NICE est véritable outil de contrôle de l’activité des salariés. Tout se sait. La moindre erreur se traduit par des sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement. Le téléphone, associé à l’ordinateur (TOIP) est un facteur de stress énorme : c’est l’ordinateur qui déclenche l’appel auprès des clients, de manière régulière, dans le but de vendre toujours plus. Les résultats sont contrôlés, et gare au salarié qui n’est pas dans les clous, ou qui est moins bon que ses collègues. On arrive de plus en plus, sans que cela soit affirmé, à l’aire du salarié KLEENEX !!!
Les conditions de travail continuent de se dégrader de manière préoccupante. Les représentants du personnel sont de plus en plus muselés (dénonciation des accords IRP, réduction drastique des moyens, contrôles et censure des communications…). Qu’est donc devenu le mutualisme ? Quid du discours de l’homme au cœur de l’entreprise. Ceux qui décident n’en ont que faire : il faut produire toujours plus, et on ferme gentiment les yeux sur les conditions dans lesquelles le métier est exercé, sur la souffrance quotidienne de salariés de plus en plus nombreux à prendre quotidiennement des médicaments pour venir au travail, quand ce ne sont pas des produits plus dangereux.
NICE n’arrange rien, et aggrave des situations déjà bien compliquées. Ne dit-on pas : « le bon produit, au bon client au bon moment » ? Et pourquoi pas : « le bon salarié, au bon poste, avec de bons moyens » ?
Pour conclure il est important de se rappeler qu’une étude a récemment démontré que le seul moyen d’améliorer la productivité, c’est par le bien-être au travail. Cette étude a été citée par un haut responsable de l’ANDRH qui partage ce point de vue. Cette notion n’a surtout pas été intégrée dans l’outil NICE.