Le jeudi 5 juin dernier une centaine de personnes se sont rassemblés devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale de Saint Brieuc pour soutenir Laurent Guillou et Stéphane Rouxel.
Ils ont répondu à l’appel du Comité de soutien des ex-salariés de l’entreprise Nutréa-Triskalia de Plouisy dans les Côtes d’Armor, gravement intoxiqués par des pesticides interdits et qui mènent depuis maintenant quatre ans un combat de tous les instants pour faire reconnaître leur maladie, exiger réparation et dénoncer le scandale sanitaire et environnemental que représente aujourd’hui l’utilisation irresponsable des pesticides dans l’industrie agroalimentaire.
Les médias étaient aussi au rendez-vous pour couvrir le procès, toute la presse locale, France 3, l’AFP, Radio France, etc. La volonté du Groupe agroalimentaire Triskalia, numéro un en Bretagne d’étouffer l’affaire avec la complicité coupable des pouvoirs publics commence à voler en éclat et l’omerta sur les pesticides avec elle. C’est à n’en pas douter une première victoire pour Laurent et Stéphane, pour l’Union syndicale Solidaires, leur syndicat Sud Industrie et toutes les organisations qui composent le Comité de soutien des quatre salariés de Nutréa-Triskalia (Laurent Guillou, Stéphane Rouxel, Claude Le Guyader et Pascal Brigant. (*).
La salle d’audience du TASS était bien trop petite pour accueillir toutes les personnes venues soutenir Stéphane et Laurent et écouter la plaidoirie de Maître François Lafforgue qui fit la démonstration d’une façon manière magistrale que la faute inexcusable de l’employeur était évidente et que l’attitude des dirigeants de l’entreprise Nutréa-Triskalia particulièrement irresponsable.
En effet Stéphane et Laurent ont été victimes d’un accident du travail et empoisonnés par des pesticides pour certains interdits mais en plus ils ont été licenciés par leurs employeurs. Employeurs qui n’ont fait aucun effort pour les reclasser et encore moins pour les indemniser. Atteints tous les deux d’une maladie très invalidante, l’hypersensibilité aux produits chimiques multiples (MCS en anglais), ils n’ont pas retrouvé d’emplois, ont épuisés leurs droits au chômage et n’ont plus aujourd’hui comme ressource que l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) pour vivre avec leur famille.
Voilà la triste réalité que vivent aujourd’hui ces ex-salariés du plus grand groupe agroalimentaire breton, groupe dont on a pu voir en novembre dernier, les dirigeants manifester à la tête des bonnets rouges, tenant en étendard des drapeaux bretons dans les rues de Quimper. Il est facile d’afficher son identité bretonne quand on manifeste tant de mépris pour la santé de travailleurs bretons.
Pour obtenir réparation, Laurent Guillou et Stéphane Rouxel, ont engagés trois procédures judiciaires. L’une devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale de Saint Brieuc pour qu’il statue sur la fixation de leur taux d’incapacité professionnelle permanente (IPP) et sur la faute inexcusable de l’employeur. Une autre devant le Tribunal des Prud’hommes de Lorient et une troisième au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui, auprès du Tribunal de Grande instance de Saint Brieuc.
L’entreprise Triskalia a attenté cyniquement à l’intégrité physique de ses salariés, mettant en danger délibérément leur vie. Elle a tout aussi délibérément contaminé des animaux destinés à l’alimentation humaine.
Il n’est pas admissible que pour optimiser ses profits et spéculer sur les cours des céréales, une entreprise puisse utiliser impunément et massivement des pesticides y compris interdits comme le Nuvan total (Dichlorvos, neurotoxique interdit depuis 2007) pour traiter et conserver des céréales destinées à la fabrication d’aliment pour bétail au lieu de les ventiler mécaniquement et cela au mépris de la santé des salariés, des animaux à qui étaient destinés ces aliments et au final au mépris de la santé de tous les consommateurs.
Le Tass de Saint Brieuc rendra sa décision le 11 septembre prochain.
* (Union syndicale Solidaires, Confédération Paysanne, Phyto-Victimes, Générations Futures, Attac, LDH, Eaux et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, EELV, UDB, Fase, P.G, NPA, Sauvegarde du Trégor, Sauvegarde du Penthièvre…)