Le Lean, inspiré du système de production Toyota, se déploie en France au sein du secteur automobile depuis une vingtaine d’années et, progressivement, à l’ensemble des secteurs de l’économie. Les demandes d’intervention dans des organisations de type Lean se multiplient et conduisent les ergonomes à s’interroger sur leur positionnement et à approfondir la réflexion vis-à-vis de ce type d’organisation du travail. Cet article cherche précisément à s’inscrire dans cette voie et à capitaliser deux expériences menées dans des contextes Lean variés de façon à discuter le Lean et ses paradoxes. Reposant sur une méthodologie commune articulant deux démarches – l’analyse de l’activité de travail et l’étude de cas – l’article cherche à comprendre ce qui se joue au sein même des situations de travail. Les résultats font état de trois logiques Lean, chacune portée par des protagonistes distincts qui communiquent peu, s’ignorent bien souvent : le Lean « stratégique » porté par la direction et qui semble intouchable, le Lean « implémenté » tant bien que mal par le management soumis à des efforts de rationalisation et à la production d’indicateurs et le Lean « géré » au quotidien par les équipes de travail. Faire rencontrer, dialoguer et débattre ces protagonistes autour du quotidien de l’activité constitue le principal axe de transformation proposé.
Tahar Hakim Benchekroun, Justine Arnoud et Rebecca Arama, « Vitalité des activités et rationalité du Lean : deux études de cas », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé [En ligne], 15-3 | 2013, mis en ligne le 01 décembre 2013, consulté le 08 juin 2016. URL : http://pistes.revues.org/3589