En 1997, le système ferroviaire a été séparé en deux entités : la SNCF et RFF (Réseau ferré de France). Commencée par un gouvernement de droite à l’époque la séparation a été mise en œuvre par la « gauche plurielle ». Elle a toujours été combattue par SUD-Rail.
En juin 2014, les cheminot-es ont fait grève massivement pendant 10 jours à l’appel de SUD-Rail et de la CGT pour s’opposer à une nouvelle organisation du système ferroviaire qui, contrairement à ce qui a été véhiculé par le gouvernement actuel n’est pas du tout une réunification du système ferroviaire. Au contraire : au lieu d’une usine à gaz bicéphale, c’est une usine à gaz tricéphale qui est mise en œuvre .
Pendant la grève, les médias, le Gouvernement, la Direction de la SNCF, ont matraqué les grévistes, certaines personnalités politiques ont même proférées des insultes grave à l’égard de celles et ceux qui se battent pour l’intérêt général. Sur 577 députés seulement une poignée ont discuté des amendements à cette loi, dont le seul objectif est de totalement libéraliser le rail. Pendant cette grève il a été bien difficile de faire entendre les motifs de ce conflit.
Cette organisation du système ferroviaire en 3 entreprises (ainsi qu’un nombre important de filiales), anticipe la mise en concurrence généralisée avec une accentuation des conséquences néfastes sur les salariés. Dans un film (The Navigators) sorti en 2001, le réalisateur britannique Ken Loach montre bien le lien entre la libéralisation du rail en Angleterre et les relations d’entraide entre les cheminots qui se délitent avec des conséquences dramatiques sur ceux qui font le travail.
La situation de mise en pression permanente des salariés est extrêmement importante à la SNCF aujourd’hui. Elle se traduit par des conditions de travail très dégradées. Les plannings de travail sont souvent modifiés, des congés refusés, des moyens humains manquent pour prendre en compte les innombrables dysfonctionnements du système ferroviaire vécus au jour le jour par ceux qui sont en contact de près ou en lien avec les usagers (qu’il s’agisse des conducteurs ou agents commerciaux, d’accueil etc… ou qu’il s’agisse des agents de maintenance du matériel ferroviaire ou des infrastructures). Cette situation actuelle de pression sur les salariés explique aussi la durée de ce conflit.
Derrière la nouvelle organisation du système ferroviaire se cache une nouvelle accentuation de la pression. La productivité des salariés français est parmi la plus forte (sinon la plus forte) du monde. Les cheminots n’échappent pas à ce constat. Mais pour le gouvernement et la Direction ce n’est jamais assez. En 2010, la Cour des Comptes a sonné la charge avec un rapport publié en février : «Les ressources humaines de la SNCF conditionnent le succès de la réforme ferroviaire (…) dans la perspective de l’ouverture à la concurrence des réseaux ferrés en Europe. La gestion de ses personnels constitue en effet pour la SNCF un des principaux leviers de sa transformation interne et une des clés de son adaptation à un environnement de plus en plus concurrentiel». La SNCF « doit améliorer sa productivité tributaire de la durée et de l’organisation du travail, du volume des effectifs et du coût salarial et social de ses agents ».
Ces discours répétés inlassablement dans les médias et dans les communications interne sont les mêmes dans toutes les entreprises publiques (France Télécom, EDF, la Poste….), dans les entreprises privées (de l’industrie, du commerce, dans les banques…), dans les fonctions publiques mais aussi dans les associations (du secteur culturel, social ou caritatif…) soumises aux conséquences des réductions d’engagements des collectivités territoriales et de l’État.
Ce qui est commun à tous les salarié-es c’est cette pression de plus en plus intolérable. Faire toujours plus avec des moyens de plus en plus réduits … Face à un patronat et un gouvernement très unis pour casser les acquits sociaux les équipes de l’Union Syndicale Solidaires doivent être à l’offensive. Expliquer dans chaque secteur où nous sommes les liens avec d’autres luttes, d’autres catégories, d’autres salariés, c’est préparer des luttes qui articulent critiques radicales du capitalisme à partir de ce qui est vécu tous les jours par les salariés. C’est ce vécu des conséquences des réorganisations permanentes qui nous permet de construire une solidarité des salarié-es et des luttes interprofessionnelles.