Nous avons créé la section SUD-Agents de la Région Nord-Pas-de-Calais au début de cette année. Très vite, il nous a semblé important de faire ressortir les situations de détresse, et de souffrance au travail ou de management posant problème pour construire notre activité syndicale et faire bouger notre institution pour améliorer la vie au travail des agents.
Quels sont les problèmes dont nous avons entendu parler dans notre institution et qui sont aussi observés dans les autres collectivités territoriales. Relayons quelques exemples de paroles exprimées : « une perte du sens de notre travail, le développement d’un état d’esprit trop administratif ce qui constitue une cassure dans l’histoire de l’Institution, un mal être et des situations de souffrance au travail, un management de mauvaise qualité, une transversalité affichée mais inexistante ou fragile car reposant uniquement sur la bonne volonté de personnes, une relation entre élus et services discutable ». Tout autour de nous, ressort de façon prépondérante la question du sens de notre travail. Il apparait notoire que les responsables de notre collectivité, mais aussi les gouvernements successifs, nous éloignent de plus en plus des valeurs de service public, de partage, de lien social… que nous portons et que nous souhaitons préserver. Fort de ce constat nous avons donc organisé le 16 septembre dernier, une première conférence-débat en proposant le sujet suivant : « réinterroger le sens de notre travail pour améliorer la qualité de l’action publique territoriale ». Notre objectif était de permettre aux collègues de partager leurs réflexions et leurs ressentis, pour amorcer une dynamique de construction collective d’un cahier de revendications que portera notre section syndicale.
Nous avons démarré cette soirée par une présentation de notre jeune section et Eric Beynel, Secrétaire national de notre Union Syndicale Solidaires, a expliqué ce qu’est Solidaires, les valeurs que nous portons et a présenté en détail l’initiative « Et voilà le travail » et l’observatoire de la souffrance au Travail. Nous sommes ensuite entrés dans le cœur du sujet, en utilisant une forme d’animation participative afin de vraiment permettre à chacun de s’exprimer. L’enjeu était d’éviter que les plus timides s’effacent dans le silence au cours des discussions en plénière ou à l’inverse que les plus à l’aise à l’oral monopolisent la parole.
Nous avons travaillé en ateliers de deux manières différentes. Une partie des participants a été invitée à exposer des situations vécues, un état de souffrance ou un évènement déclencheur pour ensuite en creuser les tenants et aboutissants et formuler des revendications collectives. Inversement, l’autre partie des participants a eu pour consigne de se mettre en mode « j’imagine l’avenir de mon travail » pour dire ce qu’il faudrait amplifier, réduire, supprimer, inventer et conserver. Les deux voies empruntées pour libérer la parole ont produit de nombreuses idées plaidant pour l’émergence de nouveaux modes de construction des politiques publiques résumé par les prises de position suivantes : un rapport à l’usager plus respectueux de ses besoins et des modalités de travail plus conviviales et plus coopératives. Voilà un beau programme qui nous fait tous rêver mais qui n’est pas gagné d’avance. Soyons optimistes mais pas naïfs, il va falloir faire preuve de finesse et de combativité.
Marc Loriol, sociologue spécialisé sur les questions de souffrance au travail, qui nous a fait l’amabilité d’écouter les deux groupes de parole et nous a ensuite fait part de ses analyses. Il a mis en évidence, en s’appuyant sur les travaux de recherche qu’il a mené à l’hôpital dans la police, aux impôts, ou dans l’industrie, que le sens du travail est largement produit au sein de collectifs. Or ces collectifs sont aujourd’hui de plus en plus affaiblis ce qui a pour conséquence que les salariés se retrouvent seuls à affronter des pressions ou des difficultés au travail. Les participants ont eux-mêmes conclu cette rencontre grâce à un tour de table au cours duquel ils ont pu donner leur appréciation de cette première soirée de débat organisée par notre section syndicale. Tout le monde a souhaité que l’on donne une suite et que cette conférence ne reste pas un « one shot ». Diverses formes ont été évoquées : diffusion de tracts, groupes de travail entre midi et 14 h, journée de formations sur le thème.
Avant de se quitter, nous avons rappelé l’information sur la tenue des journées « et voilà le travail » prévues début octobre à Lille, celles-ci faisant judicieusement écho aux thèmes que nous abordés et ayant pour objectifs de les approfondir.
Adrien et Rabah, pour SUD Région NPDC