Le premier vendredi de chaque mois, une permanence sur les conditions de travail se tient à la Bourse du travail de Paris. Ouverte à tous les travailleurs et travailleuses de tout statut et de toute situation de travail, elle conjugue conseils à la personne et combats militants sur les questions de santé au travail.
Des travailleuses et des travailleurs, des militant-e-s syndicaux, des inspecteurs et inspectrices du travail, des expert-e-s CHSCT, des médecins du travail, des juristes, des avocat-e-s, ont uni leur force pour mettre en place une permanence santé et conditions de travail. Son rôle est d’aider des personnes dont la santé est dégradée à cause de leur travail. Cette initiative est née du « Collectif pour la santé des travailleuses et des travailleurs » (voir Et Voilà… n°35) qui rassemblait déjà cet éventail d’acteurs impliqués dans les questions de travail.
La première permanence date du vendredi 6 janvier 2017. Depuis lors et selon les cas, elle oriente les travailleurs et les travailleuses vers des personnes ressources, leur donne des conseils pour résoudre leur problème, ou bien encore les aide à définir des stratégies de lutte ou de résistance collective. Cette dernière éventualité, s’il n’est pas toujours possible de la mettre en œuvre, est systématiquement envisagée. Car, non seulement elle remet la personne en santé en lui redonnant le pouvoir d’agir et le sentiment d’être socialement utile, mais elle (re)politise les atteintes individuelles à la santé en pointant les causes organisationnelles et patronales de celles-ci, l’un des enjeux fondamentaux de cette initiative.
C’est généralement salle Tollet, à la Bourse de la rue du château d’eau, à Paris, que se tient la permanence. On compte aujourd’hui entre 8 à 16 animateurs qui, en binôme, reçoivent parfois jusqu’à 18 personnes. Un accueil est d’abord installé à l’entrée de la salle. Tenu en principe par deux animateurs ou animatrices, il a pour rôle d’orienter les personnes vers un binôme (syndicaliste et médecin, inspecteur et juriste, etc.) censé répondre au mieux à la problématique posée. Après l’entretien, des fiches anonymisées sont constituées. Elles sont la mémoire des secteurs d’activité, des statuts (contractuel/fonctionnaire), des situations de travail (type de contrat, chômage, licenciement, etc.), des problématiques traitées, et permettent un suivi des cas lorsque les personnes reviennent à la permanence. Par ailleurs, ces fiches sont des supports essentiels au collectif. Elles aident à assurer un suivi visant à affiner les attentes « techniques » des travailleurs-euses (droit du travail, utilisation appropriée des syndicats, des IRP ou des institutions), mais elle constitue également un matériau dont la richesse (éventail des secteurs d’activité, enseignements tirés des situations) peut servir à alimenter les luttes politiques pour la défense des conditions de travail.
Par ailleurs, après chaque permanence, le collectif se réunit entre une demi-heure et une heure pour échanger sur les « cas » de la soirée. Nul doute que ces regards croisés sont sources de savoirs en termes de santé et de droit du travail, bien sûr, mais aussi d’enseignements politiques à faire possiblement fructifier face à la logique du monde macronien dans lequel nous entrons maintenant de plain-pied…
Ci-dessous le flyer de la permanence. Des personnes sont venues à la permanence après sa distribution lors des manifestations de ces derniers mois…