« …le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme; il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste »
Charte d’Amiens 1906
Alors que les décrets d’application de la loi travail commencent à paraître et que dans certaines entreprises les patrons commencent à vouloir l’utiliser, alors que la répression continue à s’abattre sur les manifestant-es de ce premier semestre, alors que certains, comme la CFDT, tentent de faire oublier leur soutien sans faille à toutes les politiques régressives du quinquennat Hollande, l’énergie et la vitalité du mouvement social contre la loi travail n’ont pas disparu.
La loi a été promulgué malgré notre mobilisation et le rejet massif de celle-ci par la population. Pourtant, contrairement à d’autres mouvements précédents de longue durée aucun sentiment, aucune sensation de défaite, bien au contraire. Cette situation est sans doute significative d’une disponibilité pour poursuivre la construction de la transformation sociale et d’une radicalité exigeante. A travers ce mouvement, et à l’aune de mouvements similaires dans d ‘autres pays, une énergie s’est libérée.
Ce mouvement a pris corps et substance autour du travail comme de nombreux conflits précédents, par exemple ce fut le cas lors la remise en cause des 35 h aux hôpitaux de Paris ou de la mise, en place de la réforme des rythmes scolaires dans le primaire. A chaque fois avec des taux de grévistes très importants. De la même manière dans les petites ou grande entreprises, au-delà des questions d’emplois ou de salaires, les questions de conditions de travail, de son sens, de son utilité restent des profonds marqueurs de classes sociales.
Le syndicalisme développé par Solidaires qui se veut un outil de luttes au service de tous les salarié-es, quelles que soient leurs entreprises, petites ou grandes, inscrit son action pour la transformation sociale au cœur de ces enjeux du travail.
Le témoignage ci-dessous démontre bien combien ces questions du travail se retrouvent partout. Entre le 30 décembre 2016 et le 13 janvier 2017, cinq millions de salarié-es des très petites entreprises (TPE), des très petites associations (TPA) ou du particulier employeur, voteront pour choisir le syndicat qui les représente le mieux. Dans chaque région, ils et elles éliront 10 représentant-es syndicaux issus eux-aussi de TPE.
Ces élections, qui se dérouleront par internet et par correspondance, permettront aussi de renouveler les conseiller-es prud’hommes et seront prises en compte pour le calcul de la représentativité de chaque organisation syndicale au sein des différentes conventions collectives et au plan national et interprofessionnel.
Renforcer notre syndicalisme, le syndicalisme de Solidaires, c’est lui permettre de continuer à construire ensemble cet outil, de le faire évoluer et de poursuivre nos luttes !
Lucie, ancienne salariée d’une très petite association
« Dans le syndicat de locataires où je travaillais, nous étions cinq salariées quand nous nous sommes syndiquées, en 2015. Nos conditions de travail s’étaient dégradées suite à des conflits au sein du conseil d’administration bénévole et au départ d’une de nos collègues non remplacée. L’employeur n’avait pas eu l’obligation légale d’organiser des élections professionnelles (pourtant à partir de 6 salarié-e-s selon la convention de l’animation) : le Contrat d’avenir d’une d’entre nous ne comptait pas dans la masse salariale. Nous syndiquer et créer une section syndicale ASSO nous a permis d’établir un cadre dans nos relations salariées-employeurs. Le conseil d’administration s’est empressé de contester la désignation de la représentante de la section devant le tribunal d’instance « L’association est trop petite pour un dialogue syndical »… et toute autre forme dialogue avec les salarié-e-s d’ailleurs. Dans ce contexte, l’existence de la section était difficile mais donnait une voix collective à nos actions et revendications en période de crise. Suite à notre adhésion à Asso, nous nous sommes formées au droit du travail et au droit syndical (très faibles pour les salarié-e-s en très petites structures). La situation a continué à s’aggraver pour les salariées, mais celles qui sont restées continuent de lutter pour la reconnaissance et le respect de leurs droits face à des employeurs qui « seraient dans leurs pleins droits ». Aujourd’hui, elles ont cet appui syndical primordial (conseils gratuits d’avocats, formations et accompagnements d’ASSO et du Solidaires local) pour ne pas être isolées dans ce combat. Se syndiquer et partager ses expériences, connaître ses droits, être accompagné-e-s pour élaborer des stratégies de défense et porter des revendications plus larges pour améliorer le système-travail est essentiel pour se sortir des situations difficiles que réservent, en particulier, les TPA ! »