Pour la première fois, une étude scientifique, coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence intergouvernementale de recherche sur le cancer créée par l’Organisation Mondiale de la Santé il y a une cinquantaine d’années, a pris en compte, dans les facteurs majeurs de risques de survenue de cancer, les expositions professionnelles (Trichloréthylène, gaz d’échappement au diesel notamment).
Certes, la prise en compte de ce facteur est encore parcellaire et exceptionnelle. Cependant, il n’en reste pas moins que cela met en lumière les conséquences graves sur la santé des expositions notamment à des produits chimiques dans le cadre professionnel. Une étude reconnaît donc aujourd’hui que l’on tombe malade du fait d’avoir travaillé dans un environnement exposé à des contaminants. Qui plus est, cette étude reconnait que nombre de cancers potentiellement évitables sont le fait du travail.
La reprise relativement large par la presse de cette étude est assez rare pour être relevée et soulignée. Peut-être peut-on imaginer que cela aura permis, un peu au moins, d’ouvrir l’opinion publique à une problématique très largement « méconnue » et étouffée ?
On peut malgré tout regretté que ce soit l’aspect individuel qui ait surtout été repris par les médias.
Et au moment où…
C’est donc au moment où les études médicales commencent à inclure l’impact réel du travail et des conditions dans lesquelles les salariés sont placés par leurs employeurs, que les instances compétentes pour les questions de santé au travail et de conditions de travail sont supprimées.
Quand la « médecine » commence timidement à mettre enfin le doigt sur le rôle du travail sur les maladies, le gouvernement, dans une concorde totale avec les employeurs, met tout en œuvre pour qu’il n’y ait plus de lieu où aborder la problématique. Comme une sorte de « Cacher ce scandale que je ne saurais voir » ?
C’est bien parce que les situations dramatiques liées aux conditions de travail sont si nombreuses qu’il importe de supprimer cet espace où elles peuvent être abordées.
Privé, public… une évolution parallèle
Les CHSCT ont été supprimés dans le secteur privé pour être remplacées par les CSE. Il en sera quasi de même sous peu dans la fonction publique.
Après des discussions sommaires relevant plus de la simple présentation des orientations gouvernementales que de véritables discussions, c’est vers la suppression de fait des instances HSCT que l’on avance.
Alors qu’elles n’ont été créées dans la fonction publique qu’en 2011, elles vont donc, à relativement court terme être absorbées et disparaître dans une supra instance qui peut apparaître en miroir avec les CSE créées dans le secteur privé.
Pourtant, la Fonction publique n’est pas exempte, dans ses services, de problématiques hygiène et conditions de travail. Bien au contraire.
Si l’on pense aux facteurs d’exposition, vient à l’esprit bien entendu l’exemplaire combat des agent-es du Tripode de Nantes, bâtiment amianté pour lequel l’État refuse toujours de reconnaître son classement en site amianté… un récent rapport de l’IGAS niant encore les conséquences de l’exposition pour les agent-es malades ou décédé-es.
Mais ça n’est bien entendu pas le seul cas que l’on peut citer. Il y en a malheureusement beaucoup d’autres.
Et puis, au gré des restructurations et suppressions d’effectifs, la situation dans la plupart des services se dégrade, quel que soit le versant. Hospitalier où les agent-es manifestent depuis des mois avec des combats forts comme récemment celui des personnels de l’hôpital psychiatrique de Saint-Étienne du Rouvray. Mais c’est aussi tout autant le cas dans le versant territorial et dans le versant État.
Et maintenant, continuons de lutter !
Certes les vents contraires sont là. Mais ils n’empêcheront pas nos combats. Parce nous ne devons pas perdre nos vies à travailler. Parce que nos vies valent plus que leurs profits.