Plusieurs des nôtres ont mis fin à leurs jours

Il s’agit du suicide d’un hospitalier,
Il s’agit du suicide d’un infirmier,
Il s’agit du suicide d’un travailleur…

A l’heure où le Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou fête ses 40 ans, c’est dans un autre endroit portant le même nom, l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, aujourd’hui connu sous l’acronyme HEGP, qu’un infirmier, par son geste désespéré vient nous rappeler que soigner est un art.

Ce « mec en or », apprécié et reconnu par ses pairs, ses collègues de l’APHP, ses camarades, est revenu sur son lieu de travail un soir où pourtant il était de repos, a revêtu sa blouse blanche et a sauté par la fenêtre du huitième étage. Ne cherchons là aucun message, ne cherchons là aucune raison, sauf à comprendre l’idée que le désarroi pousse parfois l’humain à vouloir en finir avec la vie, le suicide paraissant à ce moment le seul remède à la douleur psychique.

Ne cherchons là aucun message, ne cherchons là aucune raison sauf à se rendre à l’évidence qu’un infirmier qui allait mal s’est suicidé au sein même d’un hôpital qui va mal.

Comment trouver du sens à ce que l’on fait, dans une société si « ubérisée » (le correcteur orthographique propose upérisée comme quoi l’intelligence artificielle nous dépasse) ? Comment trouver du sens à ce que l’on fait dans une société si ubérisée où les soignants passent plus de temps à prouver par un clic qu’ils soignent qu’à faire ce pourquoi ils sont là… soigner !

Comment donner du sens à ce que l’on est, dans une société si ubérisée, où nulle part l’humain ne l’emporte sur la virtualité alors que tout s’écroule autour de soi ? Le pompier pyromane FHF le crie sur toutes les ondes : « L’hôpital est sans doute proche d’une situation de burn-out » ! Un très mauvais diagnostic de situation fait par les Directeurs, qu’ils soient du privé ou du public, pourtant au fait car promoteurs du management par la peur. L’Hôpital est en feu Messieurs les Marquis ! L’Hôstérité tue les patients, l’Hôstérité tue les soignants ! L’Hôpital devra se guérir lui-même avant de réapprendre à guérir les autres.
Il va falloir du temps. Nous, soignants, administratifs, techniques… refusons de digérer la potion néolibérale imposée par le gouvernement, imposée par tous ces député-e-s qui ont voté des PLFSS létaux ! 41 000 morts de plus en 2015, 28 000 en 2016, un sinistre record attendu pour 2017 !

Parce qu’à bout, parce qu’au bout de ce que qui est humainement possible dans un environnement où justement l’humain se devrait d’être la seule préoccupation. Où pourtant l’humain se voit humilié lorsqu’il est du côté soignant, où pourtant l’humain se voit maltraité lorsqu’il est du côté soigné.
Il va falloir du temps. Nous, soignants, administratifs, techniques… refusons de digérer la potion néolibérale imposée par le gouvernement, imposée par tous ces députés qui ont voté des PLFSS létaux ! Une fois de plus, une fois de trop, l’un d’entre nous s’est donné la mort.
L’un des nôtres a mis fin à ses jours. La Fédération SUD Santé Sociaux présente ses condoléances à sa famille, ses proches et à ses collègues.
L’un des nôtres a mis fin à ses jours. La Fédération SUD Santé Sociaux accuse Martin Hirsch, la FHF, la Ministre de la Santé ainsi que tous les député-e-s qui par leur vote ont sinistré notre système de santé, par leur vote ont condamné l’Hôpital.
La Fédération SUD Santé Sociaux appelait toutes les personnes qui participaient à la manifestation prévue à Paris le 7 mars 2017, et ils et elles étaient nombreux-ses, à porter un brassard noir en mémoire de toutes celles et ceux qui ont perdu leur vie à la gagner.

Le jour même il y eu, à nouveau, le suicide de l’une des nôtres, infirmière à l’hôpital Cochin (APHP).

L’une des nôtres a mis fin à ses jours.

La Fédération SUD Santé Sociaux s’associe à la douleur de la famille, des proches, des collègues de l’infirmière qui a mis fin à ses jours le mardi 7 mars 2017 à l’hôpital Cochin, son lieu de travail.
Combien de temps perdu à attendre que ça s’améliore au quotidien, collectivement, individuellement ?
Combien de temps perdu à essayer de comprendre l’incompréhensible sauf à regarder nos outils de travail se déliter autour de nous ?
Combien de fois encore devrons-nous comme aujourd’hui communiquer sur la mort de l’un des nôtres, communiquer sur la mort de l’une des nôtres en particulier le 8 mars 2017, jour
des droits des femmes ?
Le 7 mars, nous étions 35 000 dans la rue à attendre des réponses.
Ignorant la bienséance dans de telles circonstances, Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé a refusé la rencontre avec celles et ceux qui perdent leur vie à la gagner.