Office national des forêts : expertises CHSCT (épisode 3)

(suites de l’article paru dans le numéro 43)

40-snupfenFacteurs de risques psycho-sociaux (FRPS)

Ces expertises réalisées par des spécialistes de l’organisation du travail, de l’ergonomie, de la santé au travail apportent de nombreux plus techniques tout particulièrement dans le domaine des risques psycho-sociaux.
Contraintes du poste, charge de travail, souffrance éthique, qualité empêchée, perte de sens, reconnaissance, autonomie, latitude décisionnelle, soutien social, insécurité des conditions de l’emploi, violence au travail : les bonnes questions sont posées et à partir de là, l’expression des salariés se libère pour mieux se structurer. Les vécus, souvent diffus ou inconscients mais toujours douloureux, prennent un nom, une réalité de FRPS et forment autant de pièces d’un même puzzle que l’expert assemble pour donner sens à l’ensemble. Illustration : pour avoir une chance de faire face aux contraintes croissantes du poste (charge de travail,…), il faudrait de l’autonomie, de la reconnaissance, du soutien social. A l’ONF les charges de travail ont explosé pendant que l’autonomie
et la reconnaissance du travail chutaient. Quant au soutien social, politique d’individualisation et débordement généralisé ayant sévèrement ébranlé les collectifs de travail, il n’en reste plus assez pour compenser. La souffrance au travail est la résultante de processus précis qu’il convient d’abord de comprendre pour ensuite mieux les combattre. La grille de lecture « risques psycho-sociaux » développe voire initie tout court cette compréhension d’un réel produit par les méthodes du new public management pour être d’abord difficilement décryptable par ceux qui le subissent. Les expertises, qui s’appuient sur les FRPS, permettent à tous, salarié, cadres, syndicalistes, employeur de mieux comprendre comment  et en quoi la santé au travail se dégrade. De ce point de vue, les expertises ont constitué, d’abord pour les représentants des personnels, une formation accélérée de qualité et de grande ampleur qui a permis une appropriation certaine de ces démarches pas faciles d’accès au prime abord. Mieux armés pour mieux lutter.

Le diagnostic

Au-delà des nuances existantes entre les différents rapports, leur convergence est si forte que l’on peut parler d’un diagnostic commun. Verbatim extraits des différents rapports:

L’état des lieux :
  • La situation actuelle à l’ONF est critique : Les difficultés sont caractérisées, et sont objectivées à partir de faits et expressions rassemblés dans ce rapport. La situation de crise est déjà installée.
  • A l’écoute des Agents de l’ONF Franche-Comté, on découvre une situation de crise lourde génératrice de risques élevés pour les personnels et pour la bonne conduite de l’Office.
  • Cet état de délabrement est lié à la conjugaison des changements d’organisation et des réductions des ressources de ces dernières années.
  • Ces transformations passées ont abouti à une organisation pathogène, par le flou engendré dans le fonctionnement, la charge de travail qui s’envole, les conflits entre agents,… De multiples signaux montrent que la situation est extrême.
Les charges de travail :
  • Une surcharge de travail importante, une saturation déjà en place pour les agents
  • L’augmentation de la charge de travail liée à la diminution des effectifs induit une tendance au lissage de l’activité (charge élevée continue) et par conséquent une réduction des temps de récupération.
  • La charge de travail constitue un facteur de risque important
  • Un manque très important de ressources humaines au regard du travail à réaliser
  • Les capacités d’ajustement des agents au travail ont été utilisées lors des réductions d’effectifs précédentes. Elles sont actuellement débordées.
Les suppressions de postes envisagées :
  • Ainsi il ressort clairement la nécessité de remettre en question la politique de la réduction des effectifs, engagée dès 1986 et amplifiée depuis 2002, qui produit depuis plusieurs années des effets délétères, effets qui s’accentuent au fil de la diminution des personnes présentes pour assurer les missions.
  • La décision de réduction des effectifs repose sur une image théorique des activités, ne rendant pas compte de la réalité que nous avons analysée. Le point de vue de l’expert est que les suppressions de postes sont sujettes à caution.
  • Préconisation de l’expert agréé : arrêt de la politique de suppression des postes qui permettra de réduire la forte exposition des agents aux facteurs psychosociaux de risque au travail.
  • Les limites des réductions de postes d’agents patrimoniaux sont dépassées. Les suppressions de postes d’administratifs et d’agents patrimoniaux ont dépassé des limites au-delà des quelles, ces décisions deviennent contreproductives au regard des objectifs d’économies visés et dommageables pour les conditions de travail.
Santé des personnels :
  • La poursuite de la mise en oeuvre du contrat d’objectif et de performance (COP) 2012-2016 continue d’impacter fortement les conditions de travail et l’intégrité de la santé des agents de l’ONF à tous les niveaux.
  • Les personnels sont en souffrance et le dialogue social est, dans ce contexte, fortement conflictuel.
  • Nos conclusions sont que les agents à la Direction Territoriale Sud-Ouest sont exposés à un risque grave.
  • Le Projet Pour l’ONF (PPO) introduit les germes de ce qui engendre la souffrance actuelle, les conflits, la perte d’identité, la surcharge,… et les réorganisations suivantes ont amplifié la souffrance des agents.
  • Les expressions des agents lors des diagnostics montrent un mal être profond, avec des effets notamment sur les conflits et passages à l’acte.
  • Médecine de prévention et service social partagent le constat d’une souffrance au travail du personnel fonctionnaire et assimilés, en lien notamment avec les changements organisationnels.
  • Les cadres de proximité sont meurtris et dans une situation exposée
  • Les conséquences des RPS sur la santé du personnel sont nombreuses. Certains symptômes touchent quasiment une personne sur deux (douleurs et troubles du sommeil).
  • L’état de santé de l’ensemble des personnels de la Direction Territoriale  (DT) s’est dégradé. Le mal-être est inquiétant selon les acteurs de santé et de la prévention.
  • Les effets de l’absence de récupération se font sentir jusqu’à parfois l’épuisement professionnel et l’arrêt de travail.

Ces cas de burn-out ont été évoqués par l’assistante sociale et les salariés eux-mêmes.

Commentaire : le préjudice subi par les personnels et que nous dénonçons depuis tant d’années est caractérisé, démontré, officialisé. Reste le sujet de la responsabilité…

Suite et fin dans le bulletin 45…

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