« Le ministre socialiste avait annoncé la construction d’une prison à la place des Forges comme plan de reconversion pour les travailleurs. Idée monstrueuse et provocatrice. Nous l’avions averti que s’il venait à la manifestation, nous le jetions dans le canal. D’ailleurs nous avions mobilisé deux maîtres-nageurs pour ce jour-là. »
Aux Forges de Clabecq, usine sidérurgique située près de Bruxelles, pour Silvio et ses collègues, le quotidien, c’est d’abord le combat contre les attitudes de résignation et de peur. Rapidement élu délégué syndical en charge des questions d’hygiène et de sécurité, Silvio témoigne de trente ans de luttes pour améliorer les conditions de travail et pour empêcher la fermeture annoncée du site.
Son mandat syndical, Silvio le voit comme un moyen de faire vivre l’« esprit de Clabecq ». Pour mener leurs combats, c’est sur leurs propres forces et sur leur connaissance de leur métier que les ouvriers de Clabecq s’appuient. Quitte à mettre de côté l’appareil syndical sitôt qu’il déclare ne plus rien pouvoir pour eux. Par sa confiance jamais démentie dans le potentiel émancipateur de sa classe, Silvio donne une leçon salvatrice d’optimisme militant.