Sous couvert de devenir une banque plus innovante, plus visible, plus agile et performante, le projet de la banque de France « Ambitions 2020 » aboutit à une réduction très forte des effectifs qui vont passer de 13 000 EATP1 à 9 800.
Le projet de « banque digitale » est présenté comme un projet majeur de la réforme et est considéré comme un levier de la transformation de l’entreprise. Au final, il va transformer la culture et les modes de fonctionnement de la banque, avec la mise en place de nouveaux outils, le développement du télétravail, du travail à distance. A noter que l’accueil des personnes surendettées ne se fera plus que sur rendez-vous pris par internet. Une école du digital va être intégrée à la Banque de France, pour que chacun puisse s’approprier ces nouveaux outils et ce nouveau mode de fonctionnement.
Pour les agent.es, la digitalisation est synonyme de perte d’intérêt au travail, du fait notamment de la mise en place de centres de traitement partagé, qui entraîne des activités très parcellisées. Pour la direction, l’essentiel est de faire son travail sans se poser de questions.
Elle est également le signe d’une véritable rupture culturelle pour le personnel, qui est passé d’une culture « zéro défaut » à une culture de « l’anomalie admise », du fait des travaux de masse et de l’alimentation automatique des bases.
Le risque d’hyper-surveillance est pointé par le SNABF Solidaires : en effet, depuis son écran, le manager peut, pour chaque agent.e, suivre l’état d’avancement de ses travaux en pourcentage ainsi que le pourcentage de dossiers hors délai.
Les managers connaissent aussi une surcharge de travail : la gestion des mails, des tâches de gestion dématérialisées, leur prend beaucoup de temps, au détriment de l’animation des équipes. Afin de pallier ces manquements, la Banque fait appel à des cabinets de conseil en management, qui ont des méthodes toutes faites, sans tenir compte des spécificités de l’entreprise. Les agent.es ont du mal à avoir des repères sur le fonctionnement de la Banque. D’un côté, elle se veut innovante et donner une image dynamique et moderne et, de l’autre, elle continue à pratiquer un management avec des principes archaïques : respect de la voie hiérarchique, contrôle des agent.es dans toutes leurs activités, rejet des initiatives personnelles jugées a priori sans intérêt.
La communication a également fortement évolué à la Banque de France, elle est devenue transversale : Tchat en ligne, Réseaux sociaux, Communautés de pratique, etc…
Le secteur de la formation voit se développer la formation à distance (e.learning), qui comporte de nombreuses limites.
Toutes ces transformations génèrent conflits et souffrance au travail. Le syndicat revendique une appropriation des outils technologiques pour tou.tes, pour qu’ils soient une aide dans le travail quotidien et éviter d’en devenir esclave.
Le SNABF Solidaires revendique le droit à la déconnexion, avec des moyens et un suivi par le CHSCT, pour s’assurer que cela n’est pas une simple recommandation, l’effectivité de l’accès à la formation, la définition d’un nouveau rôle du/de la manager, une prise en compte de la charge réelle de travail quotidien des agent.es, en sus de la charge de travail prescrite, un encadrement du télétravail et du travail occasionnel ou non à distance.