La Commission veut que l’Europe devienne une « société du recyclage » à l’horizon 2020. Soit une société qui limiterait sa production de déchets et les utiliserait comme une ressource. Cette « économie circulaire » devrait permettre de mieux protéger l’environnement tout en créant de nouveaux jobs, mais s’agira-t-il forcément d' »emplois durables » ?
Les informations présentées dans ce dossier permettent d’en douter. De la collecte jusqu’au recyclage, les travailleurs des déchets font face à de multiples risques. Les accidents du travail y sont plus nombreux que dans la construction. Les troubles musculosquelettiques y font des ravages et la modernisation des installations de tri est en général synonyme d’intensification des rythmes de travail. Les salariés sont exposés au bruit, à des températures extrêmes, aux poussières et à des produits toxiques.
Historiquement, la collecte des déchets est une mission remplie par les municipalités mais celles-ci en sous-traitent de plus en plus souvent la réalisation à des opérateurs privés. Ces derniers se livrent une concurrence féroce pour décrocher ces marchés et comme les municipalités choisissent en général l’entreprise qui remet le prix le plus bas, les travailleurs voient leurs conditions de travail et leur pouvoir de négociation se dégrader.
Alors que l’Europe sort à grand-peine de la crise, on peut se réjouir que cette industrie offre des emplois aux plus fragilisés. Mais faut-il, sous prétexte d’insertion sur le marché du travail, détourner le regard des conditions dans lesquelles opèrent ceux qui transforment nos déchets en nouvelle ressource.