A l’usine Saft de Nersac (16), où une toute nouvelle section de Solidaires Industrie est implantée depuis octobre 2015, on est loin, très loin du compte à l’issue du procès au pénal intenté contre la direction pour des expositions au cadmium, une substance hautement cancérogène.
Bien que la Saft, après avoir été reconnue coupable le 12 janvier de « mise en danger d’autrui » pour des expositions au cadmium, doive s’acquitter d’une amende de 10 000 euros et verser 2 500 euros de dommages et intérêts à 16 salariés, bien que son représentant légal Patrice Le Reun ait lui aussi été condamné à une amende avec sursis de 3 000 euros, la réparation paraît bien faible au regard du préjudice subi. Et ce qui choque le plus, c’est la non reconnaissance par le tribunal des 58 autres plaintes qui avaient été déposées.
Pourtant, pendant 30 ans pour certain-e-s, ces hommes et ces femmes ont manipulé et respiré du cadmium sans aucune protection. Les ouvriers qui travaillent dans l’industrie du cadmium ou du zinc (souvent associé au cadmium) doivent respecter des règles d’hygiène très strictes pour éviter le passage de poussières dans les voies digestives, précautions qui n’étaient pas prises dans les locaux industriels de la SAFT. Plusieurs ont déjà contracté de gros problèmes de santé, et l’un d’entre eux est décédé d’un cancer avant le procès.
« C’est une décision scandaleuse » , déclare Gérard Quélard, le représentant SUD. « Une femme a perdu son mari, elle est veuve et on la déclare irrecevable ? C’est un scandale, un non-sens. On n’est pas là pour prendre de l’argent, mais pour que la justice reconnaisse que tant de salariés ont travail-lé dans la merde pendant des années. Nous allons faire appel. »
La saft a fait appel du jugement le 22 janvier. Quant aux parties civiles, elles ont elles-mêmes décidé d’interjeter un « appel incident » aujourd’hui même. La question qu’on peut se poser, c’est pourquoi aucune procédure n’a été pour le moment lancée devant le TASS pour obtenir la faute inexcusable et des indemnités plus conséquentes.
Il est bien entendu que l’Union syndicale Solidaires et Solidaires Industrie soutiendront le combat de la section et des salariés jusqu’au bout et mettront tout en œuvre pour que justice soit rendue.