Sud Cam, comment lancer une expertise risque grave

Longue fut la route qui nous mena à l’expertise. Aussi nous allons essayer de ne pas être trop long pour vous l’expliquer.

La première tentative d’expertise fut portée par FO, juste avant le lancement de la NOD à la fin de l’été 2017. Deux choses nous ont empêchés « d’y aller » à l’époque :

  1. Sur la forme FO est venu nous voir avec un paquet tout ficelé et en gros le message suivant: il n’y rien à changer, vous signez en bas et la ramène pas !
  2. Sur le fond, après vous avoir consulté, vous, nos collègues, le sentiment général qui s’est exprimé était que vous étiez angoissés et que vous vouliez savoir à quelle sauce vous vouliez être mangés.

Donc fidèle à nos principes de représenter les salarié-es nous avons décliné l’idée de l’expertise, pour ne pas bloquer le processus et mettre fin au malaise de l’attente.

Puis il y a eu la valse des DA, la NOD, les prêts habitats en pagaille, les rideaux ouverts/fermés et le malaise a grandi, et depuis le temps que l’on en entendait parler, la grève a fini par s’imposer le 2 décembre dernier.

Un mouvement de grève étant un formidable moyen de pression envers la direction, et celle-ci ayant pris des engagements pour répondre au cahier de revendications porté par les salarié-es, nous avons attendu de voir ce qui allait se passer. Il faut aussi rappeler que depuis la grève nous fonctionnons en intersyndicale, ce qui a le bénéfice de monter une certaine unité syndicale (sauf pour le syndicat des cadres) mais ce qui a aussi l’inconvénient d’être un peu moins agile en termes de communication et de rapidité de décision.

Puis au bout du premier trimestre 2017, au bout de moult interventions dans toutes les instances : DP, CHSCT, CE, la direction a fini par nous proposer un principe d’expertise. Mais cette démarche était proposée à la sauce direction, c’est-à-dire bordé par nos cadres dirigeants avec la main mise sur le choix final de l’expert et un champ d’étude limité aux seuls métiers de ConsCo, CPart et DA. L’intersyndicale voulant une expertise sur tous les métiers de la caisse (réseau et siège) et voulant restée maitre du choix de l’expert, nous avons donc décliné l’offre de la direction.

Dès lors, le recours à l’expertise ne pouvait être porté que par les CHSCT. Et depuis la loi El Khomri, nous n’avons que deux possibles recours à l’expertise : 1-lors d’une réorganisation, 2-pour risque grave. C’est ainsi que les membres des 3 CHSCT 33, 40, 47 des syndicats FO et SUD ont déclenché un CHSCT extra (CFDT travaillant avec nous mais n’ayant pas de membres élus présents en instance CHSCT, ils n’ont pu faire partie de cette demande).

Le travail préparatoire à l’instance a été crucial. Pour ne pas être débouter par une action en justice qui suivrait l’instance nous avons du regrouper tous les éléments dont nous disposions sur les 3 départements afin de préparer les contre attaques de la direction en instance et peut être ensuite en justice.

Pour ce faire nous avons recherché dans tous les PV CHSCT et CE pour retrouver nos déclarations, nous nous sommes appuyés sur tous les éléments écrits dont nous pouvions disposer : analyses des incivilités qui ont triplés sur les 3 dernières années, rapport du médecin du travail dans le 47 édifiant sur les RPS, enquêtes réalisées dans le 33 et lues en instances, le travail de l’inspection du travail dans les 3 départements pour réclamer un système de pointage et l’explosion de la déclaration d’heures supplémentaires qui a suivi, une déclaration du DG dans l’intranet pour dire que la direction allait travailler sur les problèmes qui persistaient depuis la mise en place de la nouvelle organisation, la grève du 2 décembre et les revendications portées par les salarié-es, notre suivi de salarié-es arrêtés en burn out/ dépressions que nous suivions et qui avaient fait écrire par leur généralistes que leur état était dû au travail. Tous ces éléments et un travail de fond préparatoires commencé en fait il y a des mois, nous ont été à être plus serein à l’arrivée du vote.

Le 19 mai nous avons vécu 2h30 d’instance tendue où nous avons été traité comme des enfants inconscients : Il nous a été opposé la cause du recours à l’expertise, on nous a demandé de nous justifier sur le risque grave alors que la DRH a déjà connaissance de nombreux cas d’arrêt de travail par ex. On nous a demandé de chiffrer la durée de l’expertise et le budget alors que ce n’est pas du ressors du CHSCT. Mais nous avons tenu bon et finalement nous avons pu faire voter l’expertise et la lettre de mission du cabinet d’expert choisi par l’intersyndicale. Lundi 29 mai nous rencontrions le cabinet d’expertise pour la première fois avec la DRH afin de travailler sur la lettre d’explication bientôt envoyée par email à chaque salarié-e. Cette lettre explique le déroulé de l’expertise avec un envoi d’un questionnaire à tous les salarié-es de la caisse le 19 juin via la boite email RH. Cet email sera accompagné d’un code confidentiel propre à chaque salarié-e et d’un lien pour répondre aux questions. Celles-ci que l’on a fini de peaufiner avec l’expert, seront centrées sur les conditions de travail et chaque salarié-e sera invité à y répondre pour le 9 juillet 2017. Nous comptons sur la participation massive des salarié-es afin que le rendu de la situation soit le plus précis possible. Après une étude des réponses par le cabinet expert de mi-juillet à mi-août, des populations prioritaires seront dégagées par le cabinet et des tirages au sort seront effectués pour des entretiens plus poussés dans la première quinzaine de septembre. Les salarié-es et leurs managers recevront une convocation émise par la DRH mais les entretiens ne se feront qu’avec l’expert en tête à tête et hors du lieu de travail. On prévoit une restitution et des premières préconisations pour améliorer nos conditions de travail d’ici la fin octobre. Il nous reste à veiller au bon déroulé de cette expertise à présent et à « accompagner » les experts jusqu’au compte rendu de l’expertise afin d’être sûrs qu’elle portera ses fruits. Il nous faudra aussi continuer à impliquer les salarié-es pour créer un rapport de force en faveur des changements qu’ils ont voulu porté par la grève du 2 décembre dernier.