Un constat: la formation syndicale des représentants du personnel au CHSCT ne résout pas tout… Après une semaine de formation où il faut assimiler le code du travail mais aussi des éléments de pratique, la plupart des stagiaires retournent dans leur Entreprise mais constatent le plus souvent un écart important avec ce qui se passe dans les CHSCT. Par exemple, apprendre ce qu’est le droit d’alerte du CHSCT pendant la formation, c’est bien mais quand il faut le mettre en œuvre, on ne sait pas où est le registre, quand on doit intervenir à l’inspection du travail et comment faire si la Direction ne respecte pas ses obligations…
Un autre constat: il y a des questions que l’on peut résoudre facilement avec un conseil par téléphone ou un temps d’échange. Parfois, il y des militants plus expérimentés dans la section qui peuvent aider. Mais il y a aussi des questions beaucoup plus ardues et des situations qui nécessitent de prendre le temps de comprendre. Un regard « extérieur » est parfois bien utile. Par exemple, un collègue fait une tentative de suicide… que faire? Et quand c’est possible, quels échanges avoir avec la personne en souffrance?
Mais encore: des salariés viennent en souffrance à des permanences juridiques de Solidaires. C’est très souvent lié au travail, aux rapports de dominations hiérarchiques dans les Entreprises. La plainte est souvent dans un premier temps du côté du harcèlement. Mais la voie juridique peut être une impasse.
Partant de ces constats, Solidaires Rhône a mis en place une permanence sur les questions du travail un après midi par semaine. Elle est le plus souvent tenue par deux ou trois militant-e-s qui sont formé-es d’abord sur la compréhension des enjeux et des conflits dans le travail. La connaissance du droit permet aussi de réfléchir aux pistes d’actions possibles dans ce domaine.
La permanence « pressions et violences au travail » de Solidaires Rhône fonctionne d’abord comme un groupe d’aide aux équipes et aux salariés en difficulté. Elle permet à des syndicalistes de « réviser » ce qui a été vu en formation et d’approfondir les situations pratiques. Elle permet aussi une écoute des salariés en difficulté avec pour perspective de comprendre ce qui se passe pour pouvoir agir.
S’il y a une section syndicale dans l’entreprise, les salariés ne viennent pas seuls. Ce n’est pas une consultation « souffrance au travail » et la rencontre permettra ensemble (représentants du personnel et salarié-e) d’analyser la situation et de débattre ensuite des initiatives possibles. Il s’agit toujours de sortir des postures individuelles pour élargir aux questions d’organisation du travail et aux réponses collectives.
Les salariés qui viennent aux permanences résistent à ce qui se passe dans l’Entreprise mais la plupart du temps ne comprennent pas ce qui leur arrive. Si le questionnement de la situation vécue nous permet de comprendre un peu mieux ce dont il est question, il permet d’abord à ceux et celles qui vivent les situations de reprendre une posture active.
Les salariés s’expriment habituellement dans un premier temps avec un positionnement de « victime » . Et c’est toujours vécu de manière très douloureuse qu’il faut entendre. Notre pratique vise à comprendre ce qui est derrière, à approfondir les dilemnes auxquels les salariés sont confrontés, à parler de ce que l’ils voudraient mettre dans le travail et à approfondir les désaccords précis avec la hiérarchie sur le travail. Cela permet de repartir du côté de l’action collective.
C’est suite à ces permanences hebdomadaire et aux rencontres complémentaires que nous avons organisées que nous avons obtenus des reconnaissances d’accidents du travail, le développement d’enquêtes syndicales dans lesquelles les salariés se retrouvent, à la suite d’un droit de retrait dans une chaîne de Pizza des emplois supplémentaires etc.