Notre souffrance n’est pas une fatalité

Vendredi 7 juin 2019 un droit d’alerte pour danger grave et imminent a été posé par les organisations syndicales de l’établissement, dans un cadre unitaire. SUD-Rail aurait préféré que le compte rendu soit lui-aussi unitaire mais certains ont préféré qu’il en soit autrement et nous le regrettons. Il n’en reste pas moins que l’important est qu’aucun d’entre nous ne mette sa vie en danger à cause ou en partie à cause du travail, ce qui compte est que les travailleurs s’organisent pour lutter contre les choix délétères, dangereux et toxiques des patrons.

Quelle sont les origines des psychopathologies et souffrances liées au travail ?

La SNCF se comporte en « patron voyou » à l’image de nombreuses boites telles Orange, Arcelor Mittal, General Electric ou encore Ford. L’EST EPT4 (Etablissement Service Transilien couvrant les gares du RER E, de la ligne P et le T4) est en quelque sorte la dernière roue du carrosse. La valse des dirigeants qui a eu lieu en quelques années et qui se poursuit aujourd’hui montre combien notre établissement, les chemins de fer, le service public, les salariés et les usagers intéressent peu les grands chefs.

Les choix de l’entreprise créent la souffrance au travail. Elle peut se transformer en épuisement des agents qui développent différentes pathologies médicales telles que les idées noires et même les tentatives de suicide. La fatigue physique comme psychologique de l’ensemble des agents de l’établissement est un fait irréfutable.

La direction s’est évertuée à effacer tous les repères tant métier que professionnel et ce quelques soient les qualifications. À l’EST EPT4 ; le burnout, les épuisements physiques, émotionnels et mentaux liés au travail sont des risques avérés. Les annonces et décisions qui modifient sans cesse le contenu des postes, les lieux et les périmètres de travail sans tenir compte des conséquences individuelles, collectives et sociales sont un élément patronal de domination et de déstabilisation sur les salariés.

Le rapport annuel de la médecine du travail ne relate pas autre chose. La SNCF a fait différents sondages et enquêtes sans faire de publicité des résultats car ils ne sont pas bons pour elle… Les organisations syndicales ont unanimement dénoncé les choix politiques et économiques de l’entreprise et les dangers qu’ils comportent pour les travailleurs.

Pas assez d’agents au sein de l’EST EPT4

– Les embauches au cadre permanent sont en nombre insuffisantes, l’usage de salariés intérimaires, temporaires et précaires s’apparente à de la maltraitance. Les agents SNCF ont peur que la misère qui est aujourd’hui celle des précaires soit la nôtre demain.
– Le cadre d’organisation (le nombre d’agents prévu pour assurer la charge de travail) n’est pas respecté. Les suppressions de postes d’agents de réserve et d’encadrement ont aggravé le taux de Non Tenus. Les agents ne peuvent plus bénéficier d’un accompagnement individuel et collectif.

La souffrance au travail est aggravée par les modifications continuelles du périmètre de l’établissement. Ces derniers jours, les annonces au sein de l’EST voulaient confirmer la politique de l’entreprise SNCF.

A partir de 2023 pour la ligne P et de 2025 pour le RER E, IdF Mobilités pourrait faire des appels d’offre pour les deux morceaux de notre établissement.

L’annonce de séparation de l’EST EPT4 en EGT E et EST P, n’a pas d’autre but que de se placer dans l’optique des appels d’offre, de la création de pseudos filiales dédiées dans lesquelles les salariés seraient de droit privé et non cheminots. SUD-Rail refuse de considérer inéluctable la misère que nous promettent la SNCF, IdF Mobilités et le gouvernement. De même la casse de l’EST, les départs du PIVIF (Annonces en gare) à la direction de ligne tn (2018), des fonctions supports à la direction de ligne Transilien (2018), de la Production à l’Etablissement Traction (2019) ou encore la fin des gares écoles (créées en 2018 par les formateurs qui sont transférés à Transilien en 2019) sont des aberrations. La direction a annoncé le 7 juin la suspension de la casse de l’EST. (A suivre…)

Toutes ses nouvelles frontières d’établissement limitent de fait les possibilités d’évolution professionnelle et de reclassement. La fin de l’embauche au statut en 2020, les discussions concernant la Convention Collective sont au point mort, les incertitudes nombreuses pourtant tout ceci est désormais dans 6 mois (1er janvier 2020).

L’attaque que mène l’entreprise à l’encontre de notre métier et des établissements d’exploitation est une source de souffrance au travail.

Les attaques sur le métier d’agent des gares : la direction a programmé la fermeture des agences Navigo. L’entreprise laisse les guichets des gares dépérir soit disant qu’ils devraient être Guichet Services Navigo, mais force est de constater que les formations se font au rabais. L’utilisation d’intérimaires non formés, l’externalisation des accueils travaux, de la gestion de flux, transfert des missions des contrôleurs sur les agents des gares (Lutte Anti Fraude), etc… mais aussi pour les qualifs D qui ne sont pas M1 (responsable d’une équipe d’agents d’exécution) le sentiment de se faire flouer financièrement du fait de la non perception de l’Indemnité de Sujétion Transilien.

Le Lean Management appelé « petit collectif » est dangereux pour la santé !

Pour les agents d’exécution les missions à effectuer et les postes sont moins variés, pour les M1 apparait le risque de burn-out car écrasés par les instructions contradictoires qu’ils reçoivent : comment « tenir un secteur » sans agent en nombre suffisant ???

De plus les « mutations vers » sont bloquées pour un délai de plusieurs mois sans aucune certitude d’aboutir même pour les agents ayant passé différents diplômes…

La direction contrainte de suspendre le projet d’éclatement de l’EST EPT4

Il faut désormais obtenir l’annulation des multiples réorganisations prévues. Outre l’éclatement de l’EST la direction de la SNCF a déjà été contrainte de suspendre le déménagement du Centre Opérationnel de Limoges à Bordeaux.

Il faut accentuer la pression sur la direction. Seule la mobilisation des collègues permettra de faire reculer la direction !

La réponse patronale à l’expression/verbalisation de souffrance au travail par certains agents semble parfois se limiter à remettre aux agents la carte « aide psychologique ». Il faut au contraire s’intéresser à la politique de l’entreprise. Il ne suffit pas de s’attaquer aux symptômes de la souffrance au travail, il faut combattre le mal à la source.

SUD-Rail invite la direction à se placer volontairement dans une logique de service public, à garantir aux travailleurs salaires et conditions de travail, à renoncer à l’utilisation d’intérimaires et de cdd.

SUD-Rail revendique l’embauche de 50 agents avant la fin 2019, des formations professionnelles adaptées, la garantie du maintien du métier de contrôleurs. Non au dumping social créé par les LAF opérées par des agents des gares !

Que cessent ces conditions de travail insupportables !