Prendre en charge concrètement les questions du travail nécessite pour les syndicalistes de développer des pratiques de terrain qui peuvent prendre différentes formes mais nous obligent à compléter les critiques globales des politiques que nous subissons par des initiatives au plus près du vécu ce chacun-e. C’est ce que nous expérimentons et développons dans le département du Gard avec des initiatives avec les enseignant-e-s remplaçant-e-s.
Cette année, la rentrée a été en effet un peu particulière pour bon nombre de remplaçant-e-s : nous nous sommes retrouvés à remplacer des enseignants d’école entière en stage un jour, deux jours, une semaine et donc à nous retrouver nombreux à parler, échanger… Et là, le discours paraît répétitif d’une école à l’autre, d’un remplaçant à l’autre, des souffrances similaires accentuées par la réforme des rythmes scolaires mais aussi de véritables plaisirs apportés par notre travail.
Le changement permanent d’écoles apporte de la diversité. La rencontre avec des collègues et des élèves très différents est un enrichissement pour la pratique de notre métier. Cependant, on se rend rapidement compte que ces postes de remplaçant-e-s, dans le Gard, sont souvent choisis par défaut. Les postes fixes nécessitent une certaine ancienneté qui la plupart dépasse 15 ans. Les postes de remplaçant-e-s demandent aux personnels à qui ils sont attribués une véritable adaptabilité : la capacité de s’adapter à tous les niveaux scolaires, de la petite section au CM2, mais aussi au spécialisé (SEGPA, CLIS, ULIS, IME ITEP… sigles barbares attribués à l’enseignement spécialisé). Les postes de Brigades (remplaçant-e-s pour tout le Gard) nécessitent le déplacement des enseignant-e-s sur tout le département. Il n’est pas rare de se trouver à 1h30, voire 2h de route de chez soi. La réforme des rythmes scolaires a amplifié cette difficulté : les horaires variant d’une mairie à l’autre, il est impossible de prévoir à quelle heure on commence ou on finit. La vie personnelle devient dépendante du travail.
Ces discussions informelles de cours d’écoles ont mis en avant la nécessité de s’organiser. Alors que les remplaçant-e-s sont plutôt isolé-e-s, il fallait trouver les moyens de rendre collectif et débattre des problèmes de chacun avec les agents concerné-e-s.
Le syndicat Sud éducation du Gard a donc mis en place une journée de formation destinée à cet effet. Une formation pas comme les autres ou ’ordre du jour fut constitué à partir des difficultés concrètes vécues par les enseignant-e-s et envoyé à toutes les écoles du Gard. Suite à cela, l’effet fut immédiat : de nombreux inscrit-e-s, des appels au syndicat… et une journée ressentie comme un appel d’air par les remplaçant-e-s : un syndicat prenait en compte pour la première fois les difficultés et les souffrances concrètes qu’ils vivent chaque jour.
L’organisation de cette journée fut simple. A partir des avantages et des inconvénients de la profession, des thèmes de travail et de débats ont été établis. Pendant toute la journée, on a parlé de notre travail et de ce qu’il faudrait changer. En fin de journée, les revendications essentielles des présent-e-s ont été pointées. Ces revendications traitent de questions concrètes et se veulent à effet immédiat. Voici quelques exemples :
– un calcul clair des remboursements de déplacements (hé oui, on nous a expliqué qu’aujourd’hui les calculs sont faits à vol d’oiseaux de ville à ville… comme si on allait à l’école en hélicoptère!) ;
– le paiement de la prime accordée au spécialisé quand on y travaille ;
– la création d’une fiche de voeux remplie en début d’année qui permettrait de mieux adapter les postes à nos préférences et situations familiales.
Celles-ci seront défendues lors d’une audience avec la direction académique par quelques membres du « collectif des remplaçant-e-s du Gard » qui vient d’être créé. L’information de la constitution de ce collectif sera transmise à toutes les écoles, une liste de diffusion créée.
Le début d’une lutte pour l’amélioration de nos conditions de travail est en marche… D’autres secteurs semblent déjà rejoindre nos revendications et nous interpellent.