Les métamorphoses de l’emprise dans les organisations

sous la direction de Vincent De Gaulejac et Jean Vandewattyne

L’emprise de l’organisation, coécrit par Max Pagès, Michel Bonetti, Vincent de Gaulejac et Daniel Descendre, paraît en 1979 aux PUF. Les auteurs s’y livrent à une description approfondie et innovante des mécanismes de pouvoir à l’œuvre au sein d’IBM, nommée TLTX dans l’ouvrage, sans doute la plus puissante des multinationales de l’époque. Une des particularités de l’ouvrage, à l’origine de son titre, est de mettre l’accent sur l’« extension spéculaire du pouvoir » au cœur de l’entreprise hypermoderne et, plus largement, de la société capitaliste et néo-capitaliste. En quarante ans, les recherches ont montré la persistance mais aussi le développement et la diffusion de cette forme particulière d’exercice du pouvoir et de domination bien au-delà de cette entreprise multinationale. Dans les entreprises néolibérales contemporaines, les modes d’emprise se sont diversifiés : pratiques dissuasives, contrôle par les chiffres et les instruments de gestion, mainmise par les procédures, les algorithmes, les logiciels. Les nouvelles technologies imposent des formes de domination renouvelées dans des secteurs d’activités où les professionnels se vivent comme autonomes. Les modes d’organisation dans le secteur public ont également évolué, reprenant et adaptant les mêmes dynamiques. La société elle-même ne peut-elle pas être considérée sous « emprise numérique » ? Il s’agira dans ce numéro d’examiner les formes de l’emprise aujourd’hui, ses enjeux, ses ressorts, ses manifestations, ses effets tant individuels que collectifs ainsi que les modes de résistance ou de dégagement qu’elles suscitent.

Dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie.