Eternit contre attaque

A la suite d’une interview qu’avait donné M° Jean-Paul Tessonnière à TELERAMA le 23 Novembre 2011 en commentaire d’une émission consacrée au procès ETERNIT de TURIN, celui-ci a été mis en examen par Monsieur Nicolas BLOT, Juge d’Instruction auprès du Tribunal de Grande Instance de PARIS, pour diffamation le 6 Septembre dernier.

Dans sa plainte, la Société ETERNIT lui reproche d’avoir tenu au journaliste les propos suivants, sous l’intitulé « Une catastrophe silencieuse » :
« Hélas oui ! ETERNIT est un groupe international largement implanté en France. On dénombre chez nous six ou sept établissements ETERNIT qui ont appliqué les mêmes conditions de travail effrayantes qu’à CASAL E MONFERRATO…Le procès de TURIN a permis de révéler qu’ETERNIT était techniquement capable de se passer d’amiante dès le début des années 1980, mais a continué pendant 20 ans à empoisonner les gens…Parce qu’en France le lobbying des industriels auprès des pouvoirs publics s’avère très efficace. »

D’après le rectificatif qu’a cru devoir publier TELERAMA à la demande d’ETERNIT, la Société a cru pouvoir soutenir que :
« ETERNIT France et ETERNIT Italie sont totalement étrangères tant par leurs nationalités que par leurs pratiques ou leurs conditions de travail ».
« La Société ETERNIT n’aurait « jamais appliqué des conditions de travail similaires ou comparables d’une quelconque façon à celles de CASALE MONFERRATO. »
« La Société ETERNIT ne serait pas un groupe international. »
Enfin, « ETERNIT France n’a jamais été poursuivie dans le procès de TURIN et les faits d’empoisonnement n’ont jamais été poursuivis ni en France, ni en Italie ».

Le renvoi devant le Tribunal Correctionnel étant quasi automatique, il se confirme donc que ce procès en diffamation pourrait être le premier en France au cours duquel les questions de fond concernant la responsabilité pénale des industriels et en particulier d’ETERNIT, pourront être débattues.

Paradoxalement, en raison de la passivité des parquets depuis que les plaintes ont été déposées en 1995, ce sont, au travers de leur avocat, les victimes et les associations qui auront à justifier de leurs actes alors qu’ETERNIT apparaitra comme victime sur le banc des parties civiles !

Cette illusion devrait vite se dissiper à la lumière des débats publics que la procédure diffamatoire implique et qui porteront nécessairement sur les conditions de travail, le lobbying et les qualifications pénales.
Ces débats constitueront un prologue aux grands procès de l’amiante auxquels les industriels et leurs complices ne devraient plus pouvoir échapper.

A quelques semaines de la journée internationale des victimes de l’amiante et en quelque sorte « propulsée » par le procès de TURIN, une nouvelle étape s’ouvre mettant enfin en avant la question essentielle de la responsabilité pénale.