Depuis plusieurs mois les attaques s’amplifient et se multiplient sur la santé des travailleuses et des travailleurs et notamment sur les outils à leur disposition pour lutter et défendre ce point fondamental pour tout être humain, sa santé. A cet égard les toutes récentes actualités sont éclairantes à plus d’un titre sur la position réelle du gouvernement vis à vis de ce point central dans la lutte des classes, celui de l’exploitation des corps par le capitalisme et ce quelques soient ses formes: financier, mondialisé, nationalisé, transnational, etc.
La destruction des CHSCT :
De nombreux articles dans la presse ces dernières semaines se sont fait l’écho des bonnes paroles de certains affirmant que les CHSCT étaient sauvés et qu’au contraire le projet de loi sur le dialogue social permettrait au final à leur rôle être renforcé. Ce beau conte est malheureusement bien loin de la réalité et la première lecture du texte à l’assemblée nationale n’a fait que renforcer nos craintes sur le sujet. Quel représentant du personnel pourra croire qu’en mettant en place des DUP fusionnant de fait toutes les instances (CE, DP, CHSCT) dans toutes les entreprises de 50 à 300 salariés ce texte permettra que les questions de santé au travail deviennent une priorité devant celles sur les salaires et sur l’emploi ? Il aura fallu des années de luttes pour obtenir une instance spécifique et quelques semaines en catimini pour qu’elle soit enterrée et que cet acteur essentiel de proximité se trouve amoindri dans un premier temps en le vidant de sa substance avant de l’achever dans quelques mois ou années.
La pénibilité :
Là aussi depuis des mois, sur demande du gouvernement, les rapports se succèdent pour répondre aux exigences du patronat qui depuis la mise en place du compte individuel pénibilité, pourtant bien critiquable et bien loin des enjeux d’une réelle prise en compte de la pénibilité, ne cesse d’exiger sa suppression. Ce gouvernement est inventif et réussi le tour de force au fil de ces rapports successifs de faire disparaître ce qui avait été présenté et voté comme une contrepartie à la dernière contre-réforme des retraites. Le compte individuel ne semble pas avoir survécu à ce dernier coup de boutoir et, du coup, à nouveau, plusieurs prises en compte de facteurs de pénibilités sont reportées de quelques mois… L’ensemble de ces mesures était tellement urgent quil sera passé par amendement au projet de loi « dialogue social »… Le nouveau report devrait permettre, comme le précédent, de solliciter un nouveau rapport qui lui-même… Affligeant !
La médecine du travail :
Au moment de la préparation du projet de loi Macron, au début de l’hiver dernier, une partie du texte prévoyait, entre autre, de s’attaquer aux complexités (pour les employeurs, on vous rassure) des règles liées aux obligations de reclassement des salarié-es ayant des inaptitudes. Devant la levée de boucliers des professionnels de la santé au travail, le gouvernement avait temporisé et demandé un rapport sur la situation des services de santé au travail à un député, Michel Issendou, assisté par un ex DRH de Renault dans cet exercice mais, étrangement, ni par des médecins du travail, ni par des syndicalistes ouvriers… Là aussi, l’encre du rapport est à peine sèche que le gouvernement s’est empressé de déposer des amendement au projet de loi « dialogue social » qui est décidément bien utile au patronat… Avec une originalité sidérante le rapport préconisait face à la chute démographique des médecins du travail de limiter le nombre de visites obligatoires… Ce qui fut fait illico par des amendements opportuns…
Le travail de nuit et du dimanche :
Sans surprise, l’examen du projet de loi dit « Macron » au sénat n’a pas permis une amélioration dans la prise en compte de la santé des travailleuses et travailleurs. Bien au contraire d’ailleurs avec notamment l’amendement «Bompard » qui octroie une dérogation permanente de droit au repos dominical pour les commerces de vente de biens culturels, transformant de fait la journée du dimanche en un jour de travail normal et obligatoire pour des salariés déjà massivement précaires. Cerise sur la vaste gâteau offert au patronat !
Simplification :
Discrètement Thierry Mandon, Secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la Simplification a présenté un nouveau train de mesures pour simplifier la vie des entreprises. Parmi elles, un certain nombre concerne les entreprises industrielles et la nécessité d’alléger les réglementations trop contraignantes, les procédures de contrôle trop lourdes et les mesures trop fréquentes par exemple des émissions polluantes. Le même rapport propose aussi d’ »aménager » les durées maximales de travail des moins de dix huit ans et d’aménager le dispositif de contrôle des expositions professionnelles aux produits chimiques… (tout est ici et plus encore!). N’en jetez plus !
Voici en quelques lignes quelques exemples récents d’une politique globale qui s’attaque frontalement à la santé des travailleuses et travailleurs. C’est bien la preuve, si il en était besoin, de l’importance de poursuivre et amplifier l’action du collectif pour la santé des travailleuses et travailleurs qui continue par ailleurs à s’élargir avec notamment les arrivées récentes du Syndicat de la Magistrature et de la CGT. Soyons nombreuses et nombreux à la bourse du travail le lundi 29 juin 2015 pour la préparation des États généraux !