Des 1er mai de la fin du 19ème siècle à ceux du 21ème siècle : une même nécessité de luttes.

220px-le_petit_parisienL’histoire du 1er mai est marquée par une série de luttes pour imposer une amélioration des conditions de travail notamment par la réduction de la durée du travail. Dès 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis s’étaient donné pour objectif d’imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai parce que beaucoup d’entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable. L’histoire du 1er mai est directement liée à l’histoire des luttes pour réduire la pression du travail et obtenir des conditions de vie décentes. Dès le 1er mai 1890, des ouvriers font grève et défilent, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois (travail, sommeil, loisir).

 

Journées de luttes internationales mais aussi journées d’affrontements avec le Patronat et la police et de répressions souvent sanglantes.

Dès 1886, un affrontement avec la police cause plusieurs morts aux États-Unis au cours de manifestions ou participent plus de 200 000 travailleurs. Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, la manifestation tourne au drame. La troupe équipée des nouveaux fusils tire à bout portant sur la foule pacifique des ouvriers. Elle fait dix morts dont huit de moins de 21 ans. D’autres affrontements sanglants marqueront l’histoire du 1er mai.

ef14f935d7f577d3730810eb0b433f5bProgressivement, cette journée internationale de lutte des travailleurs s’impose partout dans le monde et s’enracine dans la tradition de luttes des ouvriers européens. Après la Première Guerre mondiale, le traité de paix signé à Versailles le 28 juin 1919 fixe dans son article 247 «l’adoption de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n’a pas encore été obtenue».

Les manifestations du 1er mai 1936 prennent une résonance particulière car elles surviennent deux jours avant le deuxième tour des élections législatives qui vont consacrer la victoire du Front populaire. La mobilisation s’amplifiera ensuite pour obliger le gouvernement à mettre en œuvre une série d’améliorations pour les salarié-e-s dont les congés payés.

Plus près de nous, le 1er mai 2002, entre les deux tours de l’élection présidentielle qui avait vu le candidat du Front National au second tour, l’ampleur des manifestations a été très importante pour exprimer le refus d’un parti xénophobe et de régression sociale.

Et en 2015 ?

La nécessité de solidarités internationales reste plus que jamais d’actualité. La manière dont les travailleurs et les travailleuses sont aujourd’hui traités dans le monde nécessiterait des solidarités beaucoup plus forte. Par exemple, beaucoup des équipements électroniques que nous utilisons dans les ordinateurs ou les téléphone portables sont produits par Foxconn (plus grand fabricant mondial) dans des centres de production en Chine appelées « usines de la mort ». Le démantèlement et le désamiantage des navires en Asie du sud-est se réalise dans des conditions contraires à toutes les conventions internationales. Plus près de nous, les salarié-es grecs ou portugais subissent les diktats des puissances financières. De nombreux travailleurs détachés (notamment du Portugal ou de l’Europe de l’Est) travaillent en France dans des conditions indignes.

Les mesures décidées ou envisagées ces derniers temps dans notre pays sont à l’opposé de ce qu’il faudrait faire. L’heure doit être à de nouvelles réductions du temps de travail avec les embauches correspondantes qui améliorent les conditions de travail. L’intensification du travail doit être stoppée. La lutte offensive pour l’emploi et la lutte pour la réduction du temps de travail ne sont pas deux luttes dissociables ou opposées, c’est au contraire une même lutte complémentaire. Les projets d’extension du travail le dimanche ou la nuit vont à l’encontre de toute l’histoire sociale de notre pays. L’échec total de ce gouvernement sur l’emploi tient d’abord au fait que les milliards d’euros déversées dans les caisses du patronat seraient beaucoup plus utiles pour créer de nombreux emplois socialement utiles. Des emplois permettant de travailler dans de bonnes conditions sont nécessaires dans tous les secteurs économiques (dans la santé, le social, les associations , les transports en commun, les économies d’énergie et le développement de logement sociaux…). La liste serait beaucoup plus longue car ce ne sont pas les besoins sociaux, les projets utiles qui manquent.

Oui, il faudrait légiférer pour garantir des droits aux salarié-e-s sous-traitants, pour renforcer les moyens et les pouvoirs des CHSCT, pour renforcer les pouvoirs et les moyens de l’inspection du travail face à la délinquance patronale, pour supprimer les précarités dans les fonctions publiques et dans les emplois de début de carrière mais c’est tout le contraire qui est en cours.

En définitive, Macron, Valls et Hollande mettent en œuvre des lois et des mesures législatives et réglementaires qui sont à l’opposé des conquêtes sociales liées notamment aux luttes des 1er mai depuis la fin du 19ème siècle. Le Patronat et les partis conservateurs n’en espéraient pas tant ! Mais l’histoire de cette journée de lutte internationale nous apprend aussi que rien n’est jamais écrit d’avance. La lutte pour « Ne plus perdre sa vie à la gagner » s’inscrit pleinement dans cette histoire du 1er mai. Et pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, il n’est jamais trop tard pour signer et faire signer la pétition pour la santé des travailleuses et travailleurs !

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