Vendredis de la colère : STOP au « management » autoritaire !

logo-sud-mairie-saint-denisSaint-Denis, avril 2013, place Victor Hugo. Le marché aux abords, les habitants qui font leurs emplettes. L’Hôtel de Ville déploie son bâtiment impeccable au côté de la majestueuse Basilique. Calme de façade, ici rien ne se passe. Silence de surface…  Pourtant  crépite la colère des communaux et communales. Un son de NTM éclate. Naissent les « Vendredis de la colère » contre le « management » autoritaire.

Grève/manif devant l’hôtel de ville tous les vendredis de 10h à 11h. Depuis le 25 mars, tous les  collègues du Service Social municipal. 100% du service, une cinquantaine de collègues : secrétaires, assistantes sociales, cadres. Vite rejoints par des collègues du CCAS  mais aussi par d’autres de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Agents de Service… Cortèges dans les couloirs de la Mairie : derboukas,  sifflets, rires motivés, colère déployée, revendiquée. Habitants qui rejoignent.. Pétitions sur le marché « Le service social municipal est en danger ».  Chaque vendredi coûte que coûte, chaque vendredi aucune écoute. Mairie sourde, arcqueboutée. « Ici, y a pas de violence au travail, nan ».

Comment, pourquoi en sommes nous arrivés là ?

La jeune section SUD à la Mairie a tout juste 4 ans. Dès notre création nous avons entamé un travail syndical sur la souffrance au travail en dénonçant des nouvelles organisations impliquant polyvalence, zapping, sous-traitance, individualisation du rapport au travail, objectifs intenables… Étant peu nombreux, manquant d’expériences et ne disposant d’aucun siège en CHSCT, notre travail syndical a consisté à écouter les collègues, les interroger (questionnaire qualitatif et échanges) sur leur perception du travail. Sur une mairie de 3000 agents (1500 précaires) ce travail de compréhension plus détaillé n’a été fait dans un premier temps qu’en direction des collègues des écoles notre première implantation. Les tracts ont donc porté leurs propres paroles, l »un des tous premiers étant un entretien avec une collègue Agents de service, qui nous a décrit en détail ses conditions de travail. Cette méthode nous a permis de comprendre mieux leur travail, d’écouter leurs questionnements et envies, et des les transmettre aux autres collègues.

Nous avons ensuite organisé des réunions sur la souffrance au travail (en utilisant les fiches de Solidaires), des collègues ont commencé à décrire les pressions qu’ils subissaient, ce qui était une grande marque de confiance à notre égard et un début d’acte de résistance de le poser en réunion syndicale. Nous avons été confrontés aux pleurs en réunion, aux colères aussi.  Difficile de dépasser les ressentis individuels pour transformer cela en énergie collective et offensive. Nous avons néanmoins appelé en janvier à un débrayage sur des questions de Santé au travail : pour la suspension locale et l’abrogation nationale de la journée de carence (que nous avons fini par gagner!), pour l’arrêt du « management » autoritaire et pour le recrutement de 2 médecins du travail absents depuis 4 ans, et … nous étions 10 devant la mairie ! Cuisant échec, on s’est questionné. Mauvais axe d’intervention?  Il faut aussi préciser que la municipalité commençait à boycotter nos préavis de grève.

Puis accélération. Déjà en 2012, un mouvement profond (SUD/FO) avait secoué la direction de la santé avec des débrayages de 70% de collègues d’une direction qui en compte 270 (médecins, secrétaires, infirmières, toutes professions confondues, Centres de Santé Municipaux et PMI). Il luttait contre le nouvel organigramme qui concentrait tous les pouvoirs dans les mains du directeur de la santé et ses adjoints et pour la défense des Comités de Gestion (sorte de comité représentant chaque corps de métier des CMS qui permettait de réfléchir le travail et son organisation ensemble et d’en faire part à la municipalité). La lutte a perdu, les comités de gestion ont été liquidés et le nouvel organigramme imposé. Les collègues ont pris une claque, mais continuent à produire des analyses sur les enjeux de la santé communale. Après cette défaite une répression discrète s’est installée. Par exemple, une secrétaire apprend un jour par une collègues d’un autre CMS qu’elle quittera son poste dans 3 jours et changera aussi de cadre horaire. La secrétaire s’effondre, après 3 ans de loyaux service. Une médecin vient lui porter secours. Cette dernière  aura  droit ensuite à une humiliation publique devant tout le personnel du CMS et 3 dirigeants pour avoir osé l’aider. Résultat malaise et accident du travail.

Au même moment, commence la mobilisation chez les assistantes sociales, aucun syndicat n’a accepté une intersyndicale (seule la CFDT et juste la première semaine). Elles découvrent un rapport au Bureau Municipal qui leur impose depuis janvier d’être d’astreintes en cas de sinistre. Ce n’est par leur mission, la croix rouge pilote la cellule de crise et un DG est d’astreinte pour appeler le 115. Les AS assurent le suivi social au long cours, elles font déjà beaucoup d’heures sup pour assurer l’urgent dans la semaine. De plus le rapport ment : il dit qu’une réflexion est en cours avec les cadres. Jamais cela n’a été discuté. La dénonciation à l’élue entraine la directrice à commencer les humiliations contre une cadre du service social municipal mais aussi en organisant tous les chefs de service de sa direction contre l’ensemble du Service Social Municipal. Nous dénoncons (courriers,grève, rencontres avec le maire, les élus et la DG) ces méthodes managériales, ces mises à mal de collègues et l’entreprise de destruction du Service Social Municipal. La répression se poursuit : au CCAS deux camarades à la carrière irréprochable avec près de 20 ans d’ancienneté sont interdits d’heures d’infos syndicales, intimidés par une convocation après leur mandatement SUD à une délégation devant le maire, convoqués sur du temps de grève. L’une est arrêtée  deux mois pour « souffrance au travail », l’autre 15 jours pour le même motif. Ce sont chaque semaine depuis le 25 mars des humiliations, pétitions contre nos manifs, courriers  diffamant, convocations autoritaires…

Aujourd’hui, nous résistons toujours. Nous avons commencé à installer par nous même des Registres de Santé et Sécurité au Travail depuis le Suprême Vendredi de la colère du 24 mai, où les camarades de l’Union Locale St Denis sont venus (Sud PTT, Educ, Hosto, Fac, CG, SIPS, RATP…) et même quelques camarades de la CGT. Le Front de gauche a demandé audience au Maire pour défendre le droit syndical, l’intégrité du service social municipal et l’arrêt d’une politique qui détruit les acquis du communisme municipal. On sait que l’Etat réduit de 4,5 milliards les dotations aux collectivités et que les élus (actuels comme futurs) veulent tailler dans le service public communal. Jusqu’ici la mairie est dans le déni total des mises à mal malgré une délégation avec 40 collègues le 29 mars dernier, une douzaine de témoignages. Le maire réitère son total soutien et sa grande confiance à la directrice et à la DG. La crise est profonde, la mairie joue avec le feu et la santé des collègues. Soit les pratiques cessent, le Service Social Municipal est sauvegardé et les agents respectés (mise ne place du  document unique et des RSST), soit le service va péter. Et ce que nous vivons là n’est qu’un signe avant coureur des futures restructurations après les municipales. Sur le fond, les vendredis de la colère ne sont pas prêts de s’éteindre…

Pour suivre la mobilisation : http://solidaires.saintdenis.over-blog.org/article-2-videos-les-vendredis-de-la-colere-cont-117238898.html