Une période particulière

editoLes 16 et 17 mars 2016, à la bourse du travail de Paris, se déroulait les Etats généraux de la santé des travailleuses et travailleurs dans une ambiance à la fois studieuse et passionnée, vous en trouverez un premier compte-rendu dans ce bulletin. Chacune et chacun des participant-es avait en tête le texte de la loi travail  et ses conséquences en matière de droit du travail, de temps de travail et de médecine du travail, par exemple. Aussi c’est massivement que nous rejoignirent le cortège de la Place de la République le 17 mars à midi  alors que celui-ci se constituait prêt à arpenter les rues en mêlant salarié-es, chomeurs/euses, précaires, étudiant-es, retraité_es, tout comme les Etats généraux.

 

Comme nous l’indiquions dans notre précédent numéro, ce mouvement qui vient entre en parfaite résonance avec à la fois les perspectives des Etats généraux de la santé des travailleuses et des travailleurs mais aussi avec les ambitions modestes de ce bulletin. De la même manière nous regardons avec intérêt la prise de parole collective qui survient avec les collectifs #Nuitdebout. Comme nous l’écrivions dans une fiche de la commission santé et conditions de travail de Solidaires en novembre 2009, une fiche intitulée « Donner la parole aux salariè-es » :

« Le syndicalisme « Solidaires » s’est affirmé sur une volonté de construire à partir du terrain… Face à une dérive d’absorption du syndicalisme dans l’institutionnel, la création de l’Union Syndicale Solidaires entend donner une place prépondérante aux acteurs de la transformation sociale que sont les salariés. La présence sur le terrain, là où se posent les problèmes est incontournable… » Plus loin nous écrivions : « Pour Solidaires, la parole des salariés doit être au cœur de la pratique. »

Nous écrivions aussi quelques temps plus tard :  « Trouver ou retrouver une maîtrise de son travail passe par un travail de qualité (du point de vue des salariés), un travail qui fait collectivement sens. « Passer de la résignation à l’action ».  C’est voir, penser et agir local et c’est complémentaire à l’action visant aux nécessaires changements de société . C’est partir du plus micro pour s’ouvrir vers l’universel. C’est également permettre de passer de l’action individuelle, du soutien personnel (souvent nécessaire) à l’analyse et à l’action collective… « 

Comment alors ne pas se réjouir de voir cette parole se libérer aussi bien dans les nombreux cortèges le jour que dans les occupations de places la nuit, mais avec des participant-es toujours debout, toujours en mouvement ? Bien entendu tout cela est en construction et devra faire face à de nombreux obstacles, à la fois extérieur mais aussi intérieur avec la force de nos habitudes.

Cependant, comme l’a dit Frédéric Lordon « Nous sommes en train de faire quelque chose »

L’affrontement avec le capitalisme ne pourra guère se faire si nous ne sommes pas capables de lutter pour faire cesser l’exploitation de nos vies et de nos corps à son seul profit mais surtout si nous ne sommes pas en capacité de créer les conditions collectives de son dépassement.