Une médecine du travail malade

53-sud-santeDepuis 2010, c’est l’hécatombe dans le service de santé au travail de l’hôpital Bichat ! Les départs successifs ont eu raison de ce service qui ne peut plus fonctionner normalement depuis début août faute de médecin du travail. Depuis 5 ans, les militants syndicaux n’ont eu de cesse d’alerter les différentes directions qui se sont succédé-es. Force est de constater que ce service n’est vraiment pas la priorité de cet établissement.
Depuis ces dernières années, nous observons que les mesures prisent suite aux différentes problématiques exposées, ne sont pas plus efficaces que «des pansements sur une jambe de bois». Aucune véritable solution à long terme n’est proposée afin de promouvoir et valoriser ce secteur INDISPENSABLE à la prise en charge des personnels. Le service de santé au travail est devenu un véritable désert médical pour la santé des agents de cet hôpital. Depuis le 1er août, tous les médecins ont quitté l’établissement faute de véritables moyens et / ou projet d’établissement… (recrutements et locaux inadaptés au 2ème étage sans ascenseur).
En 2014, SUD Santé avait déjà tiré le signal d’alarme car 2 postes étaient à pouvoir suite à un départ volontaire et un départ en retraite. Depuis, le seul médecin du travail restant avait la lourde charge du suivi de tous les agents de l’hôpital Bichat. Épuisée, elle a préféré démissionner !!!…

Le code du travail indique : « un médecin du travail et une infirmière pour 1500 agents », on vous laisse faire le compte. Nous en sommes bien loin, avec les 4 407 agents de notre établissement nous devrions donc avoir 3 médecins du travail et 3 infirmières.
Actuellement, le service de santé au travail fonctionne avec 2 infirmières à temps plein, mais qui doivent nous quitter au plus tard mi-octobre, 2 infirmières à mi-temps et 3 secrétaires dont 2 à 80% et 1 à mi-temps. Imaginez dans quelles conditions travaillent les personnels de ce service, sollicités tous les jours par leurs collègues sans aucune solution à leur proposer… Depuis début août, les clés des dossiers médicaux sont sous la responsabilité d’un médecin inspecteur faute de médecin habilité. Plus aucune consultation n’est possible pour les 4407 agents de l’établissement qui se retrouvent dans des situations très complexe pour certains d’entre eux, avec des avis en stand- by et des arrêts qui se prolongent et / ou l’impossibilité de reprise faute d’avis. Certains se voient imposer des congés pour faire face au manquement de la direction.
Lors de la réunion d’enquête du 10 septembre, en présence de la direction, du médecin coordinateur du réseau santé au travail de l’AP-HP, des délégués CHSCT, l’inspecteur du travail et de l’équipe du service santé au travail, le constat est fait du sous effectif médical, paramédical et administratif ne permettant pas un fonctionnement normal. Le service ne peut fonctionner qu’en mode « dégradé ».
Malheureusement, les propositions apportées par la direction ne sont pas miraculeuses : … des possibilités… des hypothèses, mais rien de ferme et définitif pour le moment « possible recrutement d’un médecin mi-octobre ? ». En attentant, aucune réponse à cette candidature !
Pour faire face à la situation la direction de Bichat n’a que des solutions provisoires à proposer C’est un médecin du travail de l’hôpital Sainte Périne qui se déplacera sur Bichat un jour par semaine… Quant à la responsabilité des dossiers médicaux, un médecin de Bretonneau en prendra la responsabilité, soient 4 407 dossiers sous la responsabilité d’un médecin inspecteur.
SUD Santé ne peut se satisfaire de telles mesures et reste très inquiet quant à la pérennité de ce service. Si l’urgence « est gérée », la charge de travail des médecins est multipliée par deux d’où notre inquiétude pour l’équipe de la médecine du travail déjà très fragilisée.
Nous sommes inquiets pour l’équipe de la médecine du travail déjà bien fragilisé et pour laquelle aucune issue acceptable n’est trouvée.
Le manque de médecins du travail dans le secteur public doit susciter urgemment des réflexions sur Bichat, ainsi qu’au niveau de siège de l’AP-HP.
La création d’un vrai statut de médecin du travail avec un vrai contrat de travail (et non de contractuel), rendrait ces postes attractifs et faciliterait par conséquent les recrutements.