Une belle rencontre

Inspecteurs du Travail, une rencontre. Tel est le titre sobre du web documentaire proposé par Jean-Pierre Bloc et que l’OSAT avait décidé de promouvoir dans le cadre des élections TPE.
C’était aussi l’occasion d’accueillir deux inspecteurs (inspectrices) du travail de la région : Martine De Villers, d’Amiens et – bien connu du Solidaire local et de l’OSAT – Pierre Joanny.
Ces deux inspecteurs du travail sont mis à contribution dans ce documentaire où, avec d’autres (dont la figure sympathique de Marie-Pierre Maupoint qui a longtemps été dans la région), ils expliquent leur métier, leur éthique, les limites que les pouvoirs de tous ordres veulent leur imposer, leur lutte incessante pour une inspection du travail indépendante des pouvoirs qui pourrait se recentrer sur ses missions premières : faire respecter le Code du travail dans tous les établissements.
Jean-Pierre Bloc, monteur, passe ici à sa première réalisation et, sensibilisé aux questions relatives au travail, il a monté 5 heures d’entretiens sur toutes les thématiques actuelles dans le contexte de la déconstruction systématique du droit du travail (Lois Sapin, Rebsamen, Macron, El Khomri mais aussi remises en question du Code du travail et des collectifs de travail, et nouvelles formes de salariat comme la sous-traitance, l’ubérisation ou l’auto-entreprenariat par exemple).
La version proposée ici dure 40 minutes et constitue un avant-goût, une mise en bouche avant d’aller fureter sur chaque onglet de ce documentaire de 5 heures (il suffit de taper le titre du documentaire sur un moteur de recherche ou d’accéder par le truchement du site Solidaires).
Environ 70 personnes dans la salle et, après la projection, les questions fusent : sur les missions empêchées, sur le Code du travail devenu objet-fétiche de la haine de classe des dominants, sur les limites de l’inspection du travail, sur les dégradations successives qu’elle a à subir dans le contexte d’une classe salariée malmenée, mais aussi sur ses capacités d’intervention qui ne sont pas négligeables, même si le nombre de ces professionnels (moins de 2000) peut sembler dérisoire face à l’arrogance patronale conjuguée à l’éclatement du salariat.
On quitte la salle avec le désir d’en voir plus et aussi une certaine admiration pour un corps professionnel uni et à l’éthique rigoureuse. On salue leur courage au quotidien dans un monde du travail qui leur conteste de plus en plus leur place et leurs prérogatives.
Ils et elles sont quelque chose comme les derniers chevaliers qui ne dévient pas de leurs missions sur fond de guerre économique visant à briser toutes les protections difficilement mises en place depuis les débuts de l’ère industrielle. Chapeau et respect, pour ces femmes et ces hommes qui se battent pour sauvegarder un peu de justice et de dignité dans un univers de plus en plus chaotique.