En 2013, l’effondrement du Rana Plaza faisait 1 135 morts et des milliers de blessés au Bangladesh. Depuis, le deuxième exportateur mondial de vêtements avec ses 4 000 usines de confection, qui représentent 80 % de ses exportations, a engagé un lent processus de mise aux normes. Pour quels résultats ?
Sous la pression des syndicats et du collectif Clean Clothes Campaign, 175 grandes entreprises européennes ont signé avec la Fédération internationale des syndicats du secteur textile (IndusriALL) et celle des services (UNI) un accord quinquennal sur la prévention des incendies et la sécurité des bâtiments. Mais, alors que la grande majorité des marques d’entrée de gamme françaises sont présentes au Bangladesh, seules sept se sont engagées : Auchan, Camaïeu, Carrefour, E.Leclerc, le Groupe Casino Ltd, Monoprix et l’équipementier sportif Financière D’Aguesseau. Le nom de chaque fournisseur a été publié sur le site internet de The Accord, ainsi que les rapports d’inspections, photos de fissures et de câbles électriques ballants à l’appui. De leur côté, les Américains ont mené leur propre initiative, Alliance, tandis qu’un plan d’action national au Bangladesh a fait passer le nombre d’inspecteurs du travail de cent à trois cents. Fin juin 2015, suite à toutes ces interventions, 3 000 usines ont été visitées, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). Plus de 600 ont fermé, la plupart ayant perdu leurs clients. Mais il en reste encore un tiers qui se trouvent très en dehors des clous.
Et puis, un peu partout, « les licenciements du jour au lendemain et sans indemnités constituent le premier motif de consultation, regrette Shima, responsable locale de la Fédération nationale des ouvriers de la confection (NGWF). Il est aussi courant que les ouvriers soient payés avec deux ou trois mois de retard, et qu’ils ne touchent pas les deux bonus annuels, au moment des vacances. » Enfin, les cadences sont telles que les ouvriers doivent s’arrêter de travailler vers 45 ans.
« On ne peut s’en tenir au volontarisme en matière de droits humains », alerte Nayla Aljatouni, d’Ethique sur l’étiquette. « Si les marques veulent s’engager à respecter les droits humains, il leur faut mettre tous les moyens en œuvre pour savoir ce qu’il se passe chez leurs fournisseurs », rappelle Marie-Laure Guislain, de l’association Sherpa, qui poursuit actuellement Auchan pour pratiques commerciales trompeuses.« Il n’est plus possible de réaliser des audits sans interroger les salariés pour avoir une vision réelle de l’entreprise ! On sait aussi très bien qu’en mettant autant de pression sur les prix, les ouvriers ne pourront pas travailler dans de bonnes conditions. »
L’article complet d’Elsa Fayner est à lire dans Santé & Travail et dans Liaisons sociales :
– L’envers du « made in Bangladesh »
– Les lents progrès des usines textiles de Dacca
Egalement en ligne sur Basta ! : Au Bangladesh, des ouvrières rescapées du Rana Plaza créent leur propre coopérative textile
Photos: Axelle de Russé/Hans Lucas