Après avoir publié les premiers résultats de l’enquête Sumer1 2017 en septembre 2019 la DARES2 vient de diffuser une nouvelle étude comparant les principales expositions aux risques professionnels dans les trois versants de la fonction publique et le secteur privé. Pour rappel, l’enquête Sumer est réalisée par des médecins du travail et de prévention sur la base d’entretiens et d’autoquestionnaires proposés aux salarié·es.
Les contraintes physiques sont les plus fortes
Les contraintes posturales et articulaires sont les plus importantes avec une exposition de 71,5 % en moyenne (82,7 % pour la FPH, 80,6 % pour la FPT, 71,6 % pour le privé et 55,8 % pour la FPE).
Parmi les autres risques physiques identifiés, il faut relever :
• les manutentions manuelles de charges : 34,3 % en moyenne, mais 53,5 % dans les hôpitaux ;
• le bruit : 32,9 % pour l’ensemble, mais 41,5 % dans la FPE et 43,1 % dans la territoriale ;
• la conduite d’engins (machine mobile, camion, automobile) : 31,2 % pour l’ensemble et 35,3 % pour la territoriale.
L’exposition aux agents biologiques et chimiques : les personnels hospitaliers en 1ère ligne
Elle concerne très majoritairement les agent·es des hôpitaux qui à 72,8 % sont exposés à des agents biologiques contre 43 % pour les personnels de la territoriale (24,9 % en moyenne) et à 57 % sont exposés à des agents chimiques contre 32,3 % en moyenne tous secteurs confondus.
Des contraintes organisationnelles très présentes
Dans cette catégorie différents types de contraintes ont été listés : contact avec le public, entretiens d’évaluation, devoir se dépêcher, travail de nuit…
La pression liée au contact direct avec le public est très prégnante dans tous les secteurs : 88,5 % pour les hôpitaux, 84,5 % pour la territoriale, 79,8 % pour l’État et 71,5 % pour le privé.
Autres contraintes marquantes :
• abandon fréquent d’une tâche pour une autre non prévue : 65 % (FPH), 57 % pour le privé, 56 % (FPE) et 55 % (FPT) ;
• devoir toujours ou souvent se dépêcher est une réalité pour 38,8 % des agents·es de l’État, 44,5 % des agent·es de l’hospitalière et 35 % des salarié·es du privé.
Risques psychosociaux
Trois types de risques potentiellement dangereux pour la santé des salarié·es ont été analysés : le manque de reconnaissance, le job strain et les comportements hostiles.
• le manque de reconnaissance touche tous les secteurs (50,6 %) avec un pic à 61 % pour les personnels de l’État ;
• le job strain (situation où la demande psychologique est forte et la latitude décisionnelle faible) touche plus fortement les agents de l’hospitalière (35,3 %) et les salariés du privé (27,2 %) ;
• les comportements hostiles (situations dégradantes, déni de reconnaissance, comportements méprisants) les fonctionnaires sont légèrement plus concernés (entre 17,4 et 18,5 %) que le secteur privé (15,5 %).
Ces quelques chiffres illustrent les multiples contraintes auxquelles sont exposé·es les salarié·es dans leur travail au quotidien. Ces contraintes usent prématurément les corps, provoquent des pathologies physiques et psychiques, conduisent parfois à l’incapacité et donc à l’exclusion du travail. La prise en compte réelle de la pénibilité au travail et le refus de travailler plus longtemps sont des exigences légitimes des salarié·es pour qu’ils et elles ne perdent plus leur vie à la gagner.
L’étude de la Dares est disponible sur leur site.
1 Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels. L’enquête Sumer est un dispositif d’observation des expositions professionnelles mis en place depuis 1994.
2 Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.