Le débat de fond sur les enjeux sociaux des ouvertures dominicales dans le commerce n’a pas eu lieu. Il a été escamoté par un lobbying éhonté du patronat et par l’utilisation du 49-3 au Parlement pour imposer la loi Macron, dont cette régression sociale majeure aux conséquences multiples.
Le droit d’opposition au projet d’accord sur le travail du dimanche et en soirée (jusqu’à minuit !) que nous comptons faire valoir aux côtés de FO et de la CGT face à la CFDT, la CFTC et la CGC signataires minoritaires prochains, pourrait être un moyen d’amorcer ce débat, notamment en termes de conditions de travail et de préservation de la santé.
Le secteur du commerce est marqué par une précarisation galopante (temps partiel et intérim en augmentation régulière et sous des formes multiples), la faiblesse des salaires et une individualisation forcenée de ceux-ci. La FNAC malgré une présence syndicale réelle, liée en partie à son histoire ne fait pas exception (27% de salarié-e-s sont à temps partiel).
L’état des lieux avant même la mise en place potentielle de ces extensions d’horaires est alarmant. La direction a largement taillé dans les effectifs à coup de PSE et de non remplacements (15% de perte en 3 ans pour les FNAC de province ; 6% en 2 ans à Paris). Cette baisse, comme l’ancienneté et l’âge (25% ont plus de 50 ans) ne sont que la partie visible de celui-ci.
Les changements de cœurs de métiers, et de leur sens, imposés à marche forcée ces dernières années au collectif de travail, la dissonance importante entre l’image véhiculée longtemps à l’extérieur et la réalité (etc…) ont généré un profond malaise. Ces atteintes délibérées aux conditions de travail, et leurs conséquences sur la santé, sont renforcées par une défiance sans précédent vis-à-vis de la direction. Ainsi, depuis près d’un an, à force « d’économies d’échelle », les dysfonctionnements en paie se multiplient : retard de paiement divers, montants erronés – et parfois largement. Quant aux salarié-e-s fragilisé-e-s par la maladie, victimes de l’incurie de la direction, ils attendent jusqu’à plusieurs mois de percevoir leur dû, au risque de se retrouver dans une véritable détresse matérielle et psychologique.
Le projet de la Fnac sur les « contreparties liées au travail dominical », intégrant des propositions des syndicats potentiellement signataires s’avèrerait, dans ce contexte inquiétant, vecteur d’une régression sociale historique.
Les ruptures d’équilibre vie privée/ vie professionnelle, comme l’aggravation de la précarisation – la seule direction décidant de qui, quand et pourquoi certains pourraient obtenir un complément aléatoire de rémunération compensant le travail dominical – seraient de leur responsabilité en cas d’application. Ces ouvertures auraient de plus des conséquences sévères sur les « invisibles » de la FNAC : entretien/sécurité/ démonstrateurs, ignorés par l’accord. En outre, la coexistence de 2 types de travailleurs/euses, celles et ceux volontaires le dimanche et les autres, entraînerait une explosion du collectif de travail. Cette fragmentation du collectif est un des objectifs sous-jacents poursuivis car comment assurer une présence syndicale réelle et protectrice dans un magasin ouvert 7/7 ?
L’ancienneté importante (près de 50% > 15 ans) et l’âge moyen élevé sont des facteurs aggravants de l’intensification du travail, induite par une augmentation de 17% de l’amplitude horaire ridiculement compensée par 2,6% d’embauches annoncées. Outre la charge physique supplémentaire, les livraisons ayant lieu sur 5 jours, par exemple, les salarié-e-s devraient assumer une polyvalence contrainte et accrue accentuant ainsi la souffrance dans l’emploi liée, entre autres, à la satisfaction du travail bien fait.