Pratiques N°76 : Travail et santé, passer de la plainte à l’offensive

Les cahiers de la médecine utopique

Conserver sa santé tout en travaillant, prendre du plaisir en exerçant correctement son métier passe par un repositionnement des travailleurs et de tous ceux qui peuvent les aider à passer de la plainte à l’offensive. Alors que la médecine du travail est régulièrement attaquée par les employeurs, comment s’appuyer sur les principes et les lois qui régissent la sécurité au travail, qui garantissent la santé des personnes ?

Les professionnels du soin sont confrontés à une véritable épidémie de
problèmes de santé physiques et psychiques manifestement liés au travail et aux conditions dans lesquelles les travailleurs sont amenés à l’effectuer.
Les soignants eux-mêmes rencontrent des difficultés inédites dans leur exercice, contraints par des dispositifs inadaptés qui, en les obligeant à bâcler leur travail, les démotivent, voire les rendent malades. En effet, les injonctions paradoxales ne manquent pas qui empêchent de faire ce qu’elles prescrivent comme, par exemple, écouter la plainte des patients tout en réduisant au maximum le temps que les soignants peuvent leur accorder. Il apparaît donc comme une urgence, pour les personnes, pour la santé publique, pour la qualité et l’efficience des lieux de soins, pour l’intérêt du travail et pour qu’il bénéficie à la société, de reprendre en main nos destins de travailleurs. Il est devenu indispensable de réaffirmer les contenus de nos métiers, de défendre les valeurs qui les sous-tendent, de redéfinir la qualité du travail bien fait. Pour cela,il faut revendiquer des conditions d’exercice qui laissent un peu de place à la créativité, qui soient respectueuses de la santé et de l’équilibre des personnes afin qu’elles retrouvent le plaisir d’un travail qui contribue à fonder leur identité de citoyens responsables. Comment défendre ce qu’il reste de notre Code du travail contre le marché qui ne cesse de vouloir le contraindre pour réduire les droits ?

Comment nous appuyer sur nos compétences et le sens de nos missions pour nous défendre du management dépersonnalisant qui prétend redéfinir des tâches qu’il ne connaît pas ? Comment redessiner un monde du travail constructif et revendiquer le rétablissement de conditions qui le permettent ?