Plusieurs suicides récents dans différents secteurs des syndicats de l’Union syndicale Solidaires faisant suite à des situations déjà connues dans d’autres secteurs (France Télécom, Renault, etc…) ont conduit la commission santé et conditions de travail à prendre une journée entière et spécifique pour travailler sur l’accentuation de la dégradation des conditions de travail. Il nous a semblé important de travailler sur deux axes :
⁃ Travailler sur une fiche spécifique à destination des équipes syndicales confrontées à un suicide ou à une tentative de suicide à partir de la fiche proposée en septembre par la fédération Sud rail afin de l’enrichir et la diffuser largement à nos équipes syndicales.
⁃ Définir une stratégie syndicale interprofessionnelle sur la question des conditions de travail en ne réduisant pas cette question sur les seuls suicides qui n’en sont que la partie la plus visible et la plus tragique mais en abordant les causes, poursuivre et élargir les actions initiées par notre union syndicale Solidaires.
Les discussions de cette journée ont porté sur ces pistes en recensant les outils, les expériences et les collectifs déjà existants (observatoire du stress, groupe travail d’Attac, Collectif stop stress management, collectif santé travail, groupe rouages, Et voilà le travail, cahiers de doléances du ministère du travail, etc.) et en faisant le point sur les différentes initiatives pour tenter de trouver un fil conducteur commun.
Concernant les stratégies qui peuvent être développées au sein de Solidaires, il nous a semblé que nous pouvions prendre appui d’une part sur le cadre initié avec les journées « Et voilà le travail » qu’il s’agisse de la première de mars 2010 à Paris et des initiatives qui ont suivies à Montpellier en mai 2011 et à Limoges en avril 2012 et d’autre part sur les débats lancés par les syndicats du ministère du travail qui ont permis l’élaboration des cahiers de doléances.
En effet, dans les deux cas ces initiatives ont permis la prise de parole d’un grand nombre de travailleurs et de travailleuses qui ont pu s’exprimer sur l’organisation du travail, les restructurations et déménagements, le management, les moyens matériels et humains, l’avenir des services publics et le sens de leur travail. Ces échanges ont déjà, et c’est important; permis de rompre l’isolement et de commencer à reconstruire des collectifs, premières conditions pour mettre en place des luttes collectives.
Des journées « Et voilà le travail dans les régions et départements
Aussi, l’Union syndicale Solidaires, suite à son comité national de juin, propose donc d’organiser dans tous les solidaires locaux, soit de manière départementale soit de manière régionale, sur un ou deux jours, des journées « Et voilà le travail » ayant pour objectif de permettre un échange entre salarié-e-es sur les difficultés rencontrées dans leur boulot et sur leurs exigences et leurs demandes afin d’établir, par exemple, des cahiers de doléances pour construire à partir de ceux-ci une perspective revendicative et une dynamique de mobilisation.
Il s’agit de permettre l’expression d’un maximum de nos militants, adhérents et collègues, y compris notamment celles et ceux qui ne prennent pas spontanément la parole habituellement en donnant à toutes et tous un espace d’expression.
Les membres de la commission santé et conditions de travail et le réseau des formateurs santé travail sont en soutien de ces journées. Un petit groupe a été mis en place pour aider les solidaires locaux à construire leurs initiatives. Vous pouvez lui écrire à cette adresse: etvoilaletravail@solidaires.org. Nous prévoyons également de mobiliser le réseau des chercheurs et experts en santé travail que nous avons commencé à constituer et qui pourra lui aussi intervenir sur ces journées. D’ors et déjà des journées « Et voilà le travail » sont en cours de construction à Lyon (en octobre), Paris, Nantes et Montpellier.
Dans un second temps, une fois déroulées les initiatives locales, nous pourrons réunir une initiative centrale « Et voilà le travail » qui permettra de mettre sur la place publique l’ensemble de ces doléances et propositions, sans doute en mars 2013. Nous proposons d’ouvrir cette initiative aux autres organisations syndicales ainsi qu’aux associations et réseaux avec lesquels nous avons commencé à travailler.
L’objectif à travers ces initiatives locales et centrales est d’ouvrir un débat public large sur les questions du travail, complètement absentes du temps de débat politique que nos venons de traverser alors même que l’ensemble de nos équipes syndicales sont percutées par ce sujet.
La réussite de ces journées dépend de notre capacité collective à nous investir pour l’élaboration et la construction de ces journées. Le réseau des formateurs santé travail et de toutes celles et ceux qui ont participé à ces formations sera un formidable point d’appui. Nous vous invitons à vous rapprocher de vos solidaires locaux pour prendre votre part pour la réussite de ces journées.
L’urgence de la dégradation des conditions de travail dans un grand nombre de secteurs nous oblige à construire les ripostes nécessaires.