Une campagne interprofessionnelle de l’union syndicale Solidaires contre les Troubles Musculo Squelettiques
L’union syndicale Solidaires lance cet automne une grande campagne interprofessionnelle sur les Troubles Musculo Squelettiques (TMS).
Pourquoi cette campagne :
Les troubles musculo squelettiques (TMS) sont considérés comme une des questions les plus préoccupantes en santé au travail et en santé publique. Depuis 1989 les TMS représentent la majorité des maladies professionnelles (plus de 87% des maladies professionnelles en 2015), et ce malgré une énorme sous-déclaration de ceux -ci et une révision du tableau des maladies professionnelles 57 en 2011 qui a conduit à une restriction des reconnaissances.
Le lien entre les TMS et l’organisation du travail est aujourd’hui bien démontré et on sait que les TMS ne se réduisent pas à la seule dimension biomécanique, l’importance des facteurs psychosociaux dans l’apparition de ces troubles est une réalité. Leur explosion est liée aux transformations apportées aux organisations du travail et aux modes de management, par exemple les démarches de type « Lean », « Kaizen » qui dans l’industrie comme dans les services conduisent à des logiques de gestion qui ne prennent plus en compte la personne au travail.
C’est ainsi que le stress favorise l’apparition de ces troubles en agissant :
« directement sur l’activité musculaire (augmentation du tonus, perturbation de la coordination motrice, altérations de la vascularisation et du métabolisme musculaire, etc.) en entraînant un manque de récupération tissulaire et une diminution de l’efficacité du geste ;indirectement en augmentant les contraintes biomécaniques de la tâche en raison de la pression temporelle, des efforts accrus et de la diminution des temps de récupération (par exemple en faisant des gestes saccadés ou des mouvements brusques). Extrait du livre « les risques du travail » page 334
Une enquête québécoise réalisée en 2007-2008 auprès de 5 000 travailleurs a étudié les relations entre les TMS et un grand nombre de contraintes physiques et psychosociales. Cette étude montre que la prévalence des TMS augmente considérablement chez les travailleurs exposés à une combinaison de contraintes physiques et psychosociales du travail (tensions au travail, peu de marges de manœuvre, faible soutien social …)
Les TMS
Définition
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) désignent un ensemble de pathologies affectant les tissus mous présents au voisinage des articulations (muscles, tendon, nerfs, vaisseaux, etc.), des membres et du dos. Elles se traduisent par des symptômes douloureux et par une capacité fonctionnelle réduite. Ces affections touchent le poignet, l’épaule, le coude, le rachis ou les membres inférieurs (genoux, pieds).
Leurs causes
Des études montrent que les TMS ont des causes variées et cumulatives. Les contraintes physiques et biomécaniques (efforts musculaires, postures inconfortables, vibrations, températures extrêmes, travail sur écran, …) ainsi que les contraintes organisationnelles (gestes répétitifs, contraintes de temps, …) sont à l’origine de symptômes parfois aggravés par l’état de santé des salariés. Les contraintes psychosociales (notamment demande psychologique, manque de soutien social et de latitude décisionnelle), en altérant la capacité de récupération des salariés, jouent aussi un rôle dans l’apparition des TMS.
Les affections les plus fréquentes
Parmi les TMS, les affections les plus fréquentes sont celles concernant :
– le poignet (41 % des TMS reconnues en 2012) et la main du fait du grand nombre de pathologies liées au canal carpien (34 %), l’épaule (29 %) et le cou. Les TMS liés au rachis (8 %) et aux membres inférieurs (2 %) sont plus rares.
En moyenne, 50 % des TMS reconnus laissent des séquelles permanentes. Les TMS graves sont plus fréquents parmi ceux localisés à l’épaule (80 % entraînent une incapacité) et le rachis (70 %). De plus, le taux moyen d’incapacité des TMS graves de l’épaule (10,5) ou du rachis (10,9) est plus élevé que celui des autres pathologies (5,5 en moyenne).
Extrait étude Dares résultats décembre 2016 n°081e (20 %).
Toutes et tous concerné-es :
Les T.M.S.concernent malheureusement tout le monde:
Poignets et épaules : dans les travaux publics avec les charges à porter, certains outils lourds ou/et transmettant des vibrations, des engins de chantier, dans l’agroalimentaire (abattoirs, découpage de poisson), l’électromécanique, la chimie, l’industrie manufacturière, la grande distribution (employé-e-s de caisse), la coiffure, la couture, la cuisine, les sociétés de nettoyage, la viticulture, l’archéologie, l’hospitalier, l’éducation…
Cou, haut du dos, épaules, coudes : centre d’appels, travail sur écran voir multi-écrans. Notamment chez Orange en 2011, dans le cadre d’un protocole nommé SALTSA, 12 troubles spécifiques ont été retenus (cervicalgies avec irradiations, syndromes de la coiffe des rotateurs, épicondylite et épitrochléite, …). Les travailleurs sur écrans, dans les administrations et les télé-conseillers plus touchés aux cervicales, haut du dos et poignets alors que les techniciens plutôt aux épaules et coudes,…
Genou : BTP (carreleur, plombier, couvreur).
Rachis : BTP, mines et carrières, conduite d’engin, fret, abattoirs et entreprises d’équarrissage, caristes, agriculture, viticulture, travail sur écran, archéologie et aussi – les salarié-es de centres de gestion où l’organisation du travail les clouent à leur siège, secteur du transport et livraison..
Déclarer les TMS :
La difficulté à faire admettre le lien avec le travail
L’imputation des TMS au travail ou à des facteurs personnels (il est souvent invoqué la pratique intensive du tennis ou du jardinage !) est l’objet de constantes controverses et de difficultés réelles pour les salarié-es pour faire reconnaitre l’origine professionnelle de leur pathologie.
Cette situation est d’autant plus grave que les situations laissent des traces physiques conséquentes qui peuvent aller jusqu’à l’inaptitude et donc l’exclusion de l’emploi.
Une estimation de la sous déclaration des TMS
Le rapport sur la sous-déclaration des AT-MP de juillet 2014 estime que les évaluations de la sous déclaration des TMS sont en nette augmentation : le nombre de cas sous déclarés est estimé à 9900 pour le syndrome du canal carpien, 6531 pour les tendinites du coude, 2518 pour celles de la main et des doigts et 84 pour les tendinopathies de l’épaule. Le taux de sous déclaration des lombalgies est évalué entre 40% à 65%.
Les sous déclarations de TMS ont des conséquences concrètes à plusieurs niveaux :
– la non prise en compte de la responsabilité des employeurs empêche la mise en place de mesures de préventions et contribue du coup à une augmentation très importante du nombre de salarié-es concerné-es.
– les frais médicaux sont du coup prise en charge par le régime général et les complémentaires en lieu et place de la branche spécifique AT MP et, de fait, là aussi, les employeurs se trouvent exonérés de leur responsabilité financière.
– le nouveau système de l’inaptitude risque de servir aux employeurs pour se « débarrasser » de salarié-es ne pouvant plus travailler à cause des TMS.
Une campagne pour agir syndicalement :
La campagne « On en a plein le dos » a différents supports :
– un film de campagne de 4 min qui sera relayé via nos sites internets et les réseaux sociaux.
– Un tract de large diffusion et un 4 pages pour les équipes syndicales
– une affiche et un autocollant.
– un site spécifique « alerteTMS.org » avec le matériel de campagne (et la possibilité de le commander) et avec sa page Facebook.
Les objectifs de cette campagne :
Les sujets de santé et de conditions de travail concernent l’ensemble des salarié-es des secteurs privés et publics.
La prévention, comme souvent, passe par la mise en cause de la responsabilité des employeurs, y compris pécuniaire. Le capitalisme coûte cher en terme de santé des salarié-es et en s’attaquant à cette question
C’est aussi un moyen de montrer les conséquences concrètes des ordonnances travail pour les travailleuses et travailleurs.