Le “Corpus” de ce numéro de La Nouvelle Revue du Travail est consacré aux interdépendances entre la financiarisation de l’économie et les transformations contemporaines du travail. L’entrée privilégiée ici est la gestion, ses acteurs et ses dispositifs, instances intermédiaires grâce auxquelles le macro-économique conforme le microsocial, à travers les métamorphoses imprimées au travail.
C’est en particulier autour de l’étude critique des actes désormais omniprésents de mesures physiques et de valorisations comptables des activités de travail conduits par les managers (ou les gestionnaires) que s’est construit ce numéro. Dit autrement, les articles ici rassemblés cherchent à éclairer les différentes manières dont les impératifs de rentabilité financière sont réinterprétés en termes de décisions de rationalisation du travail et marquent les organisations contemporaines – qu’elles soient publiques ou privées – du même réductionnisme calculatrice, sans oublier les réactions ou les résistances des personnels concernés. Procéder à un tel choix, c’est renouer avec une ambition initiale de la sociologie, quand Durkheim et les membres de L’Année sociologique discutaient les impensés anthropologiques de l’économie politique, ou quand Weber, Sombart ou Marx nous invitaient à nous intéresser à la comptabilité pour comprendre comment le capitalisme entraînait le travail dans les voies qui étaient les siennes.
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