Le digital recouvre un techno-libéralisme fondé sur la suggestion personnalisée de masse, une administration robotisée des choses, en vue d’exploiter, à chaque moment, chaque impulsion de nos vies. La quête du profit de ce système justifie son obsession à infléchir, à tout instant, et en tout lieu, le cours de nos existences individuelles et collectives. L’intelligence artificielle neutralise et écarte de plus en plus le facteur humain car elle est dotée d’une autonomie décisionnelle. La digitalisation va accentuer la disparition du peu de mutualisme qui reste encore « dans ?» le groupe CA, BPCE, CAM. Elle contribue aussi à éliminer la monnaie fiduciaire, pour laisser aux banques et aux opérateurs le contrôle total des échanges monétaires.
Je me suis reconnu ce matin dans l’intervention de Guillaume Tiffon qui abordait le travail des consommateurs. Vous pensez bien, qu’à mon poste d’accueil à la Caisse d’Epargne, le travail du client je le vois, que ce soit le distributeur ou le téléphone, sur lequel il fait tout maintenant. Tout l’incite à le faire de cette façon, sans bien évidemment baisser le coût des produits et services.
Reconnaissance également quand il évoquait les multiples sollicitations, notamment par mail. La charge de travail des salarié.es est génératrice de stress et de risques psychosociaux, compte tenu des multiples sollicitations, ce que la direction appelle l’offre multicanale.
La digitalisation a, pour nous, comme autre conséquence la crainte d’une redéfinition du maillage. On était censés être une banque de proximité. Or, aujourd’hui, on voit dans pas mal de régions des agences fermer, cela au nom de la digitalisation. Ça commence, tout doucement, par les horaires. Après, ils ferment pendant la période estivale et puis pendant la période des vacances scolaires, puis ce sera une banque principale, avec des petites agences qui, elles-mêmes, ne sont ouvertes que sur des demi-journées. Ça nous amène à penser, malheureusement, qu’on va donc perdre des lieux de travail, des agences et, par conséquent, des emplois.
A ce jour, nous parons au plus pressé, en prenant en charge les salarié.es victimes de RPS et en exigeant des enquêtes, pour établir la responsabilité de l’entreprise et de ses dirigeants dans la mise en œuvre du travail, dont le digital devient une pièce maîtresse qui met en danger la santé des salariés.
Nous développons également un travail de sensibilisation des salarié.es, pour promouvoir un nouveau modèle bancaire, un service public bancaire qui passent par la socialisation de l’intégralité des banques et des assurances. De même, la revendication de la réduction du temps de travail à 32 H, sur 4,5 jours, avec création d’emplois, est avancée pour combattre les suppressions d’emplois, avec la ré-internalisation des activités.
Nous considérons que le digital menace non seulement nos emplois, mais aussi notre statut humain qui repose sur les échanges, la convivialité, l’autonomie décisionnelle et la subjectivité.
On ne s’oppose pas à la numérisation. De ce fait, contrairement à d’autres syndicats, SUD Solidaires en Caisse d’Epargne connaît un renouvellement, pas mal de jeunes adhèrent à notre syndicat.
En banque, il y a beaucoup de segmentation de la clientèle : particuliers, professionnels, les professions libérales, clients haut de gamme. Pour le client lambda qui entre dans une agence bancaire et qui ne sait pas se débrouiller (avec une carte qu’il paye très cher tous les mois et plus cher d’année en année), on va opérer une « hasse au pauvre ». En Caisse d’Epargne, on n’en voudra plus comme client.e et on se dira qu’il/elle pourra toujours être « récupérée » par La Poste, par exemple. C’est ce que l’on peut entendre de la part de nos directions. Si tu tombes sur moi à l’accueil, tu vas être bien reçu, par contre il se pourrait que ça se passe mal avec d’autres personnes qui appliquent à la lettre les consignes de la direction.