Ils n’auront pas notre faim : épilogue d’un mouvement social inédit dans le monde de la santé en France.

En marge de la manif du 7 mars 2017, l’intersyndicale (Sud Santé Sociaux 87, CGT), décide de provoquer le dialogue avec la direction du CHU de Limoges et demande :

– l’équivalence de 34 ETP (Equivalent Temps Plein) pour compléter l’équipe de suppléance.
– le remplacement des agents techniques qui partent en retraite.
– une proportion de 20% d’ouverture de concours pour tous les corps de métiers pour faciliter la résorption des 900 contractuels du CHU.

Plusieurs réunions ont lieu mais infructueuses, on est là, trois, quatre à fulminer, à réfléchir : «  il faut taper plus fort, marquer les esprits… mais quoi ? », « la décision est prise : une grève de la faim »….On squattera le hall d’accueil à partir de lundi 20 mars, il faut faire vite, on est le 17 : tract, lettre ouverte à la DG… Réunir les bureaux respectifs… prévenir les proches : on va dans le dur ! L’intersyndicale Sud/CGT donnera une nouvelle chance à la DG de négocier pendant le CTE (Comité Technique d’Etablissement) du mardi 21 mars.
Peine perdue la direction joue le pourrissement et propose avec cynisme un CTE extraordinaire peut être en fin de semaine voir la semaine prochaine…
Mercredi 21 mars, 9 h rendez-vous avec l’ARS locale : ils écrivent, hochent la tête, bref ils entendent des mots  mais n’écoutent pas les maux; on ressort avec la seule certitude d’un CTE extraordinaire le lendemain…
Le CTE est une catastrophe la DG campe sur ses positions, nous sommes épuisés, écœurés par l’attitude institutionnelle mais aussi par les autres organisations syndicales (FO et CFDT) qui tentent de saborder le mouvement via tracts ou réseaux sociaux.
Malgré tout une partie de la nuit on travaille une stratégie d’action coup de poing, nous savons qu’un conseil de surveillance a lieu le lendemain matin dans l’établissement et nous donnons rendez-vous à toutes les forces disponibles et à la presse pour 9 h devant le CHU de Limoges. Tous ensembles nous nous rendons dans la salle de cette instance, les politiques locaux et régionaux, directeur de l’ars et du chu sont bousculés et finissent par ajourner le conseil pour le remplacer une réunion de négociation. La tension est vive mais le DG ne lâche rien.
La pression et la présence de la presse font que le DG demande alors à ce que la validation des négociations soient faites dans le cadre d’un CTE extraordinaire et donc avec l’ensemble des syndicats, y compris ceux qui dénigrent le mouvement (FO et CFDT) mais à la condition imposée par l’intersyndicale de luttes que ce CTE ne ré-ouvre passe des négociations et valide les revendications portées par elle depuis près d’un mois. Dans un premier temps, le directeur de l’ARS refuse, ce qui laisse le DG du CHU dans la panade. Une pression supplémentaire est mise notamment par les militant-e-s de Sud Santé Sociaux, nouvelle suspension de séance pour prévenir les copains qui attendent: des directives sont prises : on bloque tout, personne ne doit sortir de la salle. A la reprise de séance le DG du CHU annonce qu’il valide l’intégralité des négociations, on vote, on a gagné, la grève est levée! On a rien lâché, on est épuisé mais content. Une magnifique victoire au bout d’une semaine avec le soutien de la fédération Sud Santé Sociaux, de Solidaire national, Solidaire 87, Solidaire 19 et tous les Sud locaux (PTT, EDUC, etc.)…