Bénédicte Vidaillet, Sciences humaines (H.C.)
L’évaluation a fait l’objet de nombreuses critiques de spécialistes du travail, ses méfaits sont connus. Pourquoi alors continue-t-elle de se développer dans tous les secteurs d’activité ? Pourquoi la plupart des personnes qui travaillent soutiennent-elles des pratiques qui finissent par leur nuire ? Cet essai passionnant propose une réponse : nous voulons être évalués.
S’appuyant sur de nombreuses situations concrètes, Bénédicte Vidaillet montre que l’évaluation promet de résoudre les problématiques qui se posent à chacun de nous au travail. Ainsi semble-t-elle offrir une reconnaissance nécessaire à notre équilibre psychique quand l’actuelle logique de performance ne nous signifie que notre insuffisance ; ou nourrir notre motivation en proposant sans cesse de nouveaux défis ; ou évacuer la confrontation à l’autre, en remplaçant le conflit par la compétition.
Mais l’évaluation fonctionne comme un piège : loin de les résoudre, elle ne fait qu’alimenter les besoins auxquels elle prétend répondre.
En montrant sur quels ressorts psychiques l’évaluation joue pour nous séduire alors qu’elle contribue grandement à détruire notre désir de travailler et notre relation à l’autre, cet essai tranchant et fouillé donne aux salariés les moyens de cesser de s’y plier.
Bénédicte Vidaillet est maître de conférences à l’université de Lille-I et psychanalyste. Ses recherches portent notamment sur la subjectivité au travail. Son précédent livre, Les Ravages de l’envie au travail (Editions d’Organisation, 2006), a reçu le prix du livre RH Sciences-Po/ Le Monde en 2007.