Né le 30 avril 1901 à Strasbourg (Bas-Rhin), mort le 23 septembre 1966 à Lens (Pas-de-Calais) ; docteur en médecine, spécialiste des maladies professionnelles des mineurs ; militant socialiste ; résistant ; député (1958-1966) ; maire de Lens (1947-1966).
Après avoir fait ses études dans la capitale alsacienne, Ernest Schaffner, ayant obtenu son diplôme de docteur en médecine le 21 février 1924, fut assistant durant quatre ans dans divers sanatoria en France, en Hongrie et en Espagne (dont l’hôpital de Santa-Creu de Barcelone, Espagne). En 1928, après un concours sur titre, il fut nommé médecin-chef du dispensaire d’hygiène sociale de la région de Lens. Il créa et dirigea les dispensaires antituberculeux de Lens, Hénin-Liétard, Avion, Carvin, Bully-les-Mines, Oignies, Vitry-en-Artois, organisa des services de phtisiologie et des services antivénériens et des caisses de secours du bassin minier du Pas-de-Calais. “Héros au service des mineurs” selon le parti socialiste, Schaffner, spécialiste de la tuberculose, découvrit les méfaits de la silicose et ouvrit des services d’études spéciales pour cette affection dès 1929 au dispensaire de Lens. Les examens radiologiques trop répétés qu’il effectuait ruinèrent sa santé.
Pour mener à bien la croisade contre les maladies professionnelles des mineurs qu’il avait entreprise dès son arrivée à Lens, le docteur Schaffner s’était spécialisé dans la radiographie afin de réaliser une typologie des différents cas de silicose. Or, commencées à une époque où la protection des praticiens contre les radiations était quasiment inexistante, ces recherches causèrent de graves atteintes de radiodermite à partir de 1934. Elles provoquèrent dix-sept interventions en dix ans, l’amputation du bras gauche et la perte de quatre doigts de la main droite. Malgré la souffrance, Ernest Schaffner poursuivit ses recherches jusqu’à la mort tout en assumant ses lourdes charges électives.
Secrétaire des Étudiants socialistes de la faculté de Strasbourg, il entra dans la politique active comme élu municipal en 1935 à Lens (patronné par Alfred Maes). Mobilisé en 1940 après avoir été initialement réformé, il fut suspendu des ses fonctions municipales le 27 octobre 1941 par Vichy. Il aurait montré un courage exemplaire face à l’occupant, tout en apportant aide matérielle et morale à la population minière Résistant, il fut été désigné comme délégué départemental des services sanitaires de l’OCM en 1942, puis dans la même fonction de délégué départemental des services sanitaires de la Résistance par le gouvernement d’Alger (organisation Pasteur-Valery-Radot) en janvier 1944 et fut enfin nommé au grade de médecin-capitaine des FFI. Membre du comité de Libération de Lens, il reprit ses fonctions municipales le 1° septembre 1944, à la Libération de la ville.
Extrêmement populaire, Ernest Schaffner fut élu, en 1947, maire de Lens, puis conseiller général de Lens-Est en 1951, mandats qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il figurait en quatrième position sur la liste socialiste aux élections législatives de 1956 dans la 2e circonscription du Pas-de-Calais.
Élu, au nom du Parti SFIO, député de la 13e circonscription du Pas-de-Calais (Lens) en novembre 1958, il avait obtenu 43 % des suffrages au premier touret l’emporta au second avec 61 % des voix, le MRP et l’UNR se retirant, contre son adversaire communiste Jean Ooghe, secrétaire fédéral et membre du Comité central du PCF. Il fut réélu en novembre 1962, avec 35,5 % des suffrages au premier tour et l’emporta au second avec 43, 8 % dans une triangulaire avec le PC (40,9 %) et l’UNR (15,2 %). Il intervint au Palais-Bourbon au sein des commissions des affaires familiales, sociales et culturelles. À l’Assemblée, il présida le 2° bureau (santé, famille, aide sociale). Il était par ailleurs membre de la Commission exécutive de la SFIO du Pas-de-Calais de 1959 à 1966.
Il vota l’investiture au gouvernement Debré en janvier 1959, et fut pour cela traduit devant le Conseil national.
Il eut des obsèques protestantes, en présences de très nombreuses personnalités, dans la cathédrale catholique de Lens, choisie afin de faire face à l’affluence, des hauts parleurs étant installés sur la place. Guy Mollet prononça un bref hommage, il n’y eut selon sa volonté, aucun discours.
Cité à l’ordre de la Nation le 18 mai 1955, officier de la Légion d’Honneur, il avait été décoré à de multiples reprises : commandeur dans l’Ordre de la Santé publique, chevalier du mérite sociale et des Palmes académiques, Croix de guerre, médaillé de la Résistance, médaillé de la France Libre, titulaire de la Croix de la Libération et de nombreux titres professionnels et étrangers.
Il mourut d’une crise cardiaque le 23 septembre 1966 à Lens.
Sources :
Arch. Nat., F/7/15530, n° 16655. F/1b1/998. F/1cII/322. F/1cII/452. — L’Espoir, 2 octobre 1966. — Le Monde, 24 septembre 1966. — Rens. mairie de Lens. — Ministère de l’Intérieur, Les élections législatives de 1967, imprimerie nationale, 1967. — Rapports des congrès de la fédération SFIO du Pas-de-Calais, 1945-1967. — AGM 130, discours de B. Chochoy au Conseil général du Pas-de-Calais. — P. Avril, Le Personnel politique français, 1870-1988, PUF, 1989. — Assemblée Nationale, Notices et portraits, avril 1959. — J. Derville, La Fédération socialiste SFIO du Pas-de-Calais, 1944-1969, thèse d’études politiques, Paris, FNSP, 1970.
maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/…