Pour poser le contexte général du syndicalisme en Israël/Palestine, 2 grandes centrales syndicales existent : Histadrout côté israélien et la PGFTU coté palestinien.
Il est important de savoir que Histadrout, la principale centrale syndicale israélienne (qui a participé activement à la colonisation et a par exemple soutenu les bombardements de Gaza en 2014), refuse de syndiquer des travailleurs·euses non-juifs·ves.
La PGFTU de son côté est sous contrôle de l’Autorité palestinienne. Ces deux centrales ont organisé un véritable racket des travailleurs et travailleuses palestinien·nes par le biais des prélèvements des cotisations : 60 % de ces fonds vont dans les poches d’Histadrout et 40 % dans celles de la PGFTU !!! C’est évidemment source de nombreux conflits.
Aller travailler en Israël pour un·e palestinien·ne de Cisjordanie !
Au cour de rencontres fortes en émotions et en partages, nous avons recueilli notamment le témoignage d’un jeune palestinien de Cisjordanie. Pour les palestinien·nes de Cisjordanie, il est obligatoire d’avoir un permis pour travailler en Israël, permis qu’il faut payer bien sûr. Il est délivré (quand il l’est) au bon vouloir des autorités israéliennes et peut prendre fin à tout moment. De plus s’organise inévitablement un trafic de faux permis. Comme partout, le patronat profite pleinement des difficultés des travailleurs·euses pour avoir une main d’oeuvre « bon marché ». En raison de difficulté économiques évidentes, nombre de palestinien·nes vont travailler illégalement en Israël. C’est le cas de notre témoin qui a pris ce risque et malheureusement s’est fait arrêter. Il a été condamné pour travail clandestin à plusieurs mois de prison en Israël, période pendant laquelle il a été torturé avec les 2 clavicules brisées afin de le dissuader de revenir travailler dans le bâtiment.
La campagne pour les conditions de travail du Democracy & Workers Rights Center (DWRC)
A Ramallah, la délégation a rencontré Karine, une française installée depuis plus de 10 ans en Cisjordanie, qui anime le DWRC. Cette ONG travaille au quotidien pour aider à la création de syndicat. Au côté des travailleurs-euses, elle a organisé toute une campagne autour conditions de travail et de sécurité. Affiches, dépliants et intervention directement sur les lieux de travail.
Nous avons également rencontré 2 représentants du syndicat des postes PPSWU qui nous ont donné rendez-vous à la poste de Ramallah.
La situation de la poste Palestinienne et des conditions de travail
Lors de nos échanges avec les salarié·es et représentant·es du PPSWU (membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes) ils/elles nous ont expliqué le fonctionnement des postes en Palestine occupée et les difficultés que représente le simple acheminement du courrier. Il est très compliqué de distribuer le courrier car très peu de rues en Cisjordanie porte un nom. Leur principale priorité étant la continuité du service public postal, les salarié·es organisent de véritables investigations pour retrouver les destinataires des courriers et des colis ! Ils ont également insisté sur le fait que le courrier est bloqué en direction de Gaza depuis des années.
Ils nous ont fait part de leur souhait de rencontrer aussi les postiers et postières françaises, de développer les échanges et nos relations. Une délégation de SUD PTT s’était rendue à leur congrès en 2018. Il est prévu une intervention de SUD PTT dans les instances mondiales des Postes pour dénoncer la situation de la Poste Palestinienne.
Être une femme palestinienne, citoyenne israélienne, musulmane et syndicaliste : c’est un combat de tous les jours !
Nous avons rencontré une infirmière qui travaille à Tel Aviv, résidant à Nazareth (à une heure de la capitale), ville israélienne majoritairement habité par des palestinien·nes. Elle est membre du New Arab Unions (NAU) en Israël et a témoigné des conditions d’exercice de son métier particulièrement dures :
– Dès l’université, il lui est demandé d’abandonner son identité palestinienne et de se considérer comme une arabe/ israélienne : impossible pour elle ;
– Elle est considérée potentiellement comme une terroriste ;
– Au quotidien, nombre de patient·es refusent de se faire soigner par elle car portant le voile ;
– Il lui est même conseiller de porter le foulard que portent les femmes juives orthodoxes si elle veut se couvrir la tête ! – On lui attribue les horaires de travail les plus difficiles, notamment ceux de nuit et les possibilités d’évolution sont quasi nulles ;
– De toute façon, les femmes palestiniennes sont juste bonnes à « faire le ménage » !
Le syndicat NAU a également organisé une lutte victorieuse sur les conditions de travail dans les centres d’appel.