Le 23 février 2016 est une date qui restera dans les annales pour les salarié-e-s de Subway à Dijon. Pour la première fois, les conditions de travail sont vraiment devenues une préoccupation de leur employeur. Non pas que celui-ci ait eu d’un coup la fibre sociale. Mais sans l’intervention forte de Solidaires 21, saisi du dossier suite à plusieurs plaintes de salariés, les apprentis et salarié-e-s précaires continueraient à y travailler entre 8 et 10, voire 12 jours d’affilée. Le but de l’action, limpide : faire pression pour que les conditions de travail respectent a minima les règles du Code du travail. Car ici comme ailleurs, plus encore dans les très petites entreprises dénuées de toute présence syndicale, les conditions de travail sont sacrifiées sur l’autel de l’emploi.
Ainsi chez Subway Dijon, on faisait travailler les apprentis sans repos hebdomadaire, les laissait gérer seuls la boutique, encaisser les clients, faire les sandwiches, le ménage en ne leur fournissant qu’une tenue vestimentaire par an. Des salarié-e-s surexploité-e-s et low cost, de préférence totalement ignorants de leurs droits donc souvent très jeunes, connaissant à peine l’existence du code du travail. Ne parlons pas des conditions de travail…
Pour l’apprenti découvrant le monde du commerce, les conditions de travail sont surtout celles fixées unilatéralement par l’employeur. Et sans défense syndicale, les choses dérivent rapidement. Elles ont généralement pour seule issue la démission au bout de quelques mois. Sans dommage donc pour l’employeur, sauf le jour ou un syndicat tel Solidaires débarque. La situation étant intolérable, le vernis de la normalité ne tarde pas à craquer. Un signe de la gravité de la situation : l’inspection du travail est intervenue quelques jours après notre interpellation et a relevé à cette occasion les manquements décrits ci avant.
Bénéficier de conditions de travail normales pour tout salarié.e, c’est déjà disposer d’un repos hebdomadaire, d’une véritable formation avec un vrai maître d’apprentissage. C‘est connaître ses plannings de travail qui ne changent pas tous les 2 jours ! Disposer de tenues de travail en nombre suffisant. Avoir des vrais temps de pose etc… Bref de quoi pouvoir vivre et travailler…. Normalement.
Solidaires 21 a entamé une procédure en résiliation judiciaire des contrats de travail pour l’ensemble des apprentis. Grâce à son action, Solidaires a semble-t-il fait renoncer l’employeur à mettre à exécution sa menace de licenciement de l’un d’entre eux. Et ses propres conditions de travail, jusqu’à présent bien plus confortables que celles de ses « collaborateurs », ont évolué : Subway France, dont il exploite la marque, a entamé une enquête pour connaître la vérité sur les conditions de travail de l’enseigne de Dijon. Le but : éviter un scandale qui salirait la « réputation » de la marque et au besoin se séparer de sa brebis galeuse… Une vraie sanction ?