Plans sociaux et réductions d’effectifs, précarité accrue, burn out à répétition, surcharges récurrentes, journées à rallonge, décollements de rétine à cause de trop d’heures d’écran, open spaces générateurs de stress, dépressions, suicides ou tentatives,… Autant de maux dits par ces mots qui ont circulé en boucle lors de la réunion de l’atelier PRPS (prévention des risques psycho sociaux) organisé à l’occasion du congrès national du SNJ à Villeurbanne du 3 au 6 octobre dernier. Comme si le vulgaire quotidien d’une profession malmenée en son immense majorité venait déchirer l’écran de fumée devant lequel se pavanent quelques vedettes des médias dominants, et qui semblent, eux, partager avec « l’élite » et autres privilégiés les mêmes conditions de vie, faute de pouvoir encore parler en l’espèce de travail…
Après les congrès de Paris puis d’Autans, c’est donc le même constat qui a été dressé à Villeubanne, avec la nette impression de voir celui-ci rapidement empirer. Preuve s’il en était besoin que les journalistes, dans leur immense majorité, subissent bien les mêmes dégradations dans l’exercice de leur profession que tous les autres travailleurs en chacun de leurs métiers.
Au sein de l’atelier (qui s’est tenu en présence d’Éric Beynel, porte parole de notre Union syndicale Solidaires), puis en plénière, la réflexion a conduit les militants à vouloir passer du constat à l’action. L’instance CHSCT a été particulièrement mise en avant, précieuse pour peu que les élus l’investissent vraiment. Mais des exemples d’action symbolique et directe sont venus démontrer que c’est également par la prise de conscience et la mobilisation collective que l’on peut faire bouger les lignes. Ont ici été racontés cette interpellation surprise des dirigeants d’une entreprise lors d’une grande messe destinée à faire comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, ou encore cette distribution intempestive de boules de cire sur l’ensemble d’un plateau organisé en open space et que chacun a glissé à l’heure de pointe dans ses oreilles… Tandis que la victoire juridique contre le Benchmarking que venait d’emporter Sud BPCE quelques jours auparavant en Rhône Alpes où se déroulait justement le congrès a été examinée avec un très vif intérêt. Que ce soit donc sur le plan de l’action juridique ou sur celui d’un usage efficace des instances du personnel, tout en privilégiant l’écoute, la vigilance et l’organisation d’un rapport de forces, c’est à chaque fois un vif besoin de formation qui en est ressorti, autant qu’une forte attente en terme d’échanges d’expériences. Un constat qui a permis de mesurer combien l’appartenance du SNJ à l’Union syndicale Solidaires pouvait en l’occurrence s’avérer des plus précieuses. Ainsi d’ailleurs que cela avait déjà pu être souligné lors de la présentation d’un rapport d’activités voté à l’unanimité. Dans sa partie consacrée à notre Union, on pouvait y lire: « On peut apprécier la pertinence de notre appartenance à Solidaires, dans le domaine de la souffrance au travail. La dimension inter-professionnelle de notre Union nous conduit à partager nos expériences puis à élaborer des réponses syndicales les mieux appropriées à chaque situation… en profitant de cette « boîte à outils » spécialement conçue par notre Union, dont l’expertise en la matière a déjà fait ses preuves, y compris sur le terrain juridique (voir l’actualité récente). Nous pouvons ainsi être bien mieux armés face à cette problématique toujours plus prégnante dans le monde du travail. Et mesurer combien, à chaque fois, dans des métiers pourtant divers et variés, les mêmes causes produisent les mêmes effets. En cause, des méthodes de management inhumaines et même barbares qui ont pour effet de dénier aux salariés ce qui fait l’essence même de leur travail : son utilité sociale, qu’on appelle au SNJ « défense de la qualité de l’information ».