Au carrefour de l’exploitation

au carrefour de l exploitationQuand lutte des classes rime avec « lutte des places » [1]

S’il s’inscrit dans la droite ligne de L’Établi de Robert Linhart et de Salaire aux pièces de Miklos Haraszti, Au carrefour de l’exploitation de Grégoire Philonenko et Véronique Guienne ne constitue pas un énième témoignage sur la notion d’exploitation.

Pris dans la tourmente d’un système auquel il s’aliène, Grégoire Philonenko y décrit son ascension au sein d’un groupe de grande distribution, puis sa descente aux enfers. L’intérêt de ce témoignage réside notamment dans la seconde partie de l’ouvrage : Véronique Guienne, sociologue et maître de conférences à l’Université Paris X Nanterre, y analyse les effets délétères des nouvelles formes d’organisation du travail : « L’exploitation aujourd’hui est la même qu’hier : elle suppose un travail pénible, répétitif et inachevé, dont le professionnalisme est nié. La surveillance constante est un gage de la soumission. Son univers est celui de la violence, et non du droit : le droit du travail y est bafoué et les hommes méprisés. » Là où l’engagement syndical prend tout son sens….

Au carrefour de l’exploitation, Grégoire PHILONENKO et Véronique GUIENNE
coll.Sociologie clinique, éd.Desclée DeBrouwer, 1997, 159p., 96F (14,64 euros)


[1] Vincent de Gaulejac « Préface » Au carrefour de l’exploitation.