Assemblée générale de l’association Henri Pezerat

pezeratHenri Pezerat était un lanceur d’alertes. Scientifique, ancien chercheur en toxicologie au CNRS et à l’université de Jussieu à Paris, Henri Pézerat, a consacré une importante part de sa vie au combat contre l’amiante. Il était l’un des fondateurs, en 1995, de la branche française du réseau international Ban Asbestos (pour l’interdiction de l’amiante) et, un an plus tard, de l’ANDEVA, l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante.

Henri Pézerat milita jusqu’à son décès en 2009 pour faire connaître les dangers de l’amiante, de la création du Collectif intersyndical sécurité des universités Jussieu contre l’amiante, en 1977, jusqu’à l’affaire du porte-avions Clemenceau – bourré d’amiante, et qui devait être initialement démantelé en Inde, au mépris de la sécurité environnementale et humaine la plus élémentaire.

Depuis 2009, une association a été créée pour poursuivre son action. Elle se réunit deux fois par an et l’Union syndicale Solidaires est membre de cette association d’aide aux luttes sociales concernant la santé en lien avec le travail et l’environnement. L’orientation défendue et mise en œuvre par l’association est en effet de ne pas séparer production de connaissances et action militante pour la santé. La connaissance des salariés et de leurs représentants est aussi importante que celle des chercheurs et c’est l’addition des savoirs qui permet de comprendre et d’agir. L’association gère et met en valeur l’important fond documentaire qu’Henri Pézerat a constitué durant toute son activité de scientifique militant, au service des victimes en lutte contre les atteintes à la santé aussi bien dans le monde du travail que dans l’environnement. Elle est un lieu de rencontre entre réseaux scientifiques et réseaux militants (syndicalistes, associations de victimes, experts CHSCT, juristes, etc.)

Les militants de Solidaires peuvent consulter le site de l’association : http://www.asso-henri-pezerat.org/
Le site comporte de la documentation, des liens, des communiqués sur différentes questions d’actualité. Un dossier important est par exemple consacré à la question des parafoudres qui concerne notamment les équipes de France Télécom mais aussi d’autres secteurs.

La dernière assemblée générale de l’association s’est tenue à Issoire le 6 avril 2013. Elle a été l’occasion d’échanges d’expériences autour des pratiques et initiatives des CHSCT.

Les militants de la CGT à l’origine de l’action concernant les parafoudres radioactifs à France Télécom ont ainsi expliqués leur action sur le département de la Haute Loire où 29 000 parafoudres ont été recensés et les difficultés pour élargir l’action au niveau national (entre 20 et 80 millions de parafoudres malgré l’interdiction de ce procédé depuis 1978…).

La rencontre a été l’occasion de réaffirmer la nécessité de s’appuyer sur l’expérience des travailleurs en partant des alertes que constitue des doutes sur un produit ou un procédé de travail, des événements graves (déclenchement de cancers par exemple). L’apport des scientifiques est important à condition de tenir compte des rapports de domination dans l’institution scientifique en défaveur des travailleurs. Le rapport est inégal. Pour un chercheur qui travaille en lien avec les associations, les syndicats et qui s’appuient sur les connaissances des travailleurs, neuf chercheurs travaillent pour les firmes industrielles et sont financés par les Entreprises.

Lorsque par exemple de nouveaux cas de cancers se développent sur une population donnée, la démarche mise en œuvre peut être très différente :

  • l’analyse à partir du terrain consiste à rechercher les produits utilisés, les poly-expositions, l’historique des postes et des travaux sur lesquels les travailleurs ont été exposés… On a donc une série de faits qui sont la plupart du temps validés par des analyse toxicologiques et les connaissances.
  • les entreprises quasiment systématiquement contestent la réalité, tergiversent et cherchent à gagner du temps. La mise en œuvre de grandes études épidémiologiques (auxquelles vont se prêter d’autres chercheurs) vont noyer le poisson et mettre le doute.

Les questions de méthodologies sont donc importantes et on peut parler de malhonnêteté scientifique quand des statisticiens prétendent démontrer qu’il y a ou non un problème de santé à partir de l’étude de populations. Au lieu de partir de l’écoute des êtres humains qui ont des savoirs et une expérience, les industriels produisent du doute en permanence avec des méthodes qui décontextualisent les situations.